Actualité des stents coronaires à EuroPCR : la sélection de la rédaction

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

24 mai 2016

Dans cet article

Paris, France— A l’issue du congrès de la grand-messe annuelle parisienne de cardiologie interventionnelle, EuroPCR 2016, nous avons sélectionné trois nouvelles importantes pour les stents coronaires qui nous avons fait commenter par le Pr Didier Carrié.

L’adieu aux stents nus ?

Alors que les stents nus sont de moins en moins utilisés par les cardiologues interventionnels, plusieurs résultats, dont ceux de l’étude LEADERS-FREE ACS [1,2] ou d’une sous-analyse de l’étude ZEUS (Zotarolimus-eluting Endeavor Sprint stent in uncertain drug-eluting stent candidates) confirment qu’ils n’ont plus de place chez les patients à haut risque hémorragique.

On s’aperçoit que non seulement les stents actifs sont plus efficaces mais qu’ils offrent un profil de sécurité similaire en termes de saignements -- Pr Didier Carrié

« Nous pensons que nous arrivons à la fin des stents nus (sauf pour raisons économiques). Jusqu’ici, ils restaient indiqués dans les sous-groupes de patients à haut risque hémorragique (patients âgés, en insuffisance rénale, anémiques, qui vont être opérés dans l’année, cancéreux, atteints de maladies dégénératives…), ce qui représente tout de même à peu près 30 % des patients. Mais, aujourd’hui on s’aperçoit, avec l’étude LEADERS FREE notamment, que non seulement les stents actifs sont plus efficaces mais qu’ils offrent un profil de sécurité similaire en termes de saignements », a commenté le Pr Didier Carrié (Chef de service du service de cardiologie, CHU Toulouse) pour Medscape édition française.

LEADERS FREE ACS : des taux de saignement élevés mais comparables

LEADERS FREE ACS, présentée lors de l’EuroPCR 2016, est une analyse pré-spécifiée du sous-groupe de patients atteints d’un syndrome coronarien aigu à haut risque de saignements. Elle montre que le stent actif sans polymère de Biosensors BioFreedom (autorisé en Europe mais pas aux Etats-Unis) a un meilleur rapport bénéfice/risque que le stent nu Gazelle du même fabriquant.

Pour rappel, l’étude prospective LEADERS FREE a inclus 2466 patients à haut risque de saignements programmés pour une intervention percutanée [3]. Après la pose du stent (nu ou actif), l’ensemble des patients a reçu une bithérapie antiplaquettaire pendant un mois puis une monothérapie antiplaquettaire sur le long terme.

Principaux résultats de LEADERS FREE ACS

 

Stent enrobé (n=330)

Stent nu (n=329)

RR

p

Revascularisation de la lésion cible

3,92%

8,96%

0,41 (0,21-0,82)

0,009

Critère combiné : décès cardiovasculaire, IDM, thrombose de stent confirmée et probable

6,92%

9,32%

0,48 (0,31-0,75)

0,049

Les taux de saignements sont relativement élevés mais comparables entre les deux groupes (environ 10 %).

Une bithérapie antiplaquettaire d’un mois ?

Dans LEADERS FREE ACS, une bithérapie antiplaquettaire de seulement un mois après la pose d’un DES ne semble pas porter préjudice aux patients. Faut-il pour autant revoir les recommandations de la Société Européenne de Cardiologie qui préconisent 3 à 6 mois de traitement après la pose d’un DES ?

Pour le modérateur de la session, le Dr Thomas Cuisset (Hôpital de la Timone, Marseille, France), la réponse est clairement non. L’étude n’apporte une réponse que pour le stent BioFreedom et dans cette population précise.

La seule conclusion à tirer est que « nous devrions remplacer les stents nus par les stents enrobés. Point », a conclu le Dr Ron Waksman (MedStar Heart & Vascular Institite, Etats-Unis) lors de la session de presentation.

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