Nottingham, Royaume-Uni — Comme cela semble être le cas pour les adultes [1,2], l’exercice physique améliorerait les symptômes des adolescents dépressifs, selon une méta-analyse publiée en ligne dans le Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry [3].
« L’activité physique peu à modérément intense, réalisée en groupe sous la supervision d’un professionnel et pratiquée 3 fois par semaine pendant 6 à 12 semaines semble améliorer l’état dépressif », a commenté l’auteur principal de l’étude, le Pr Tim Carter (Université de Nottingham, Royaume-Uni), pour Medscape.
« En outre, notre revue suggère que l’exercice a une efficacité comparable en cas de dépression modérée ou sévère et que les patients soient hospitalisés ou non. Toutefois, avant de pouvoir établir des recommandations cliniques, nous avons besoin de démontrer l’existence d’une relation dose-réponse et donc de plus d’essais avec des méthodologies de qualité », ajoute-t-il.
Trois séances d’aérobic par semaine pendant 2 mois et demi en moyenne
Le Dr Carter et coll. ont sélectionné 11 essais contrôlés randomisés publiés en anglais entre 1982 et 2015. Sept ont été menés aux Etats-Unis, un au Chili, un en Iran, un en Corée du Sud et un au Royaume-Uni.
La taille des études allait de 19 à 779 participants issus de la population générale ou de populations cliniques (moyenne = 60). Deux essais ont enrôlé uniquement des filles, un essai uniquement des garçons et les autres étaient mixtes.
L’âge moyen des participants dans chaque essai était de 14,7 à 17 ans.
Les essais ont utilisé différents outils de mesure pour quantifier la sévérité de la dépression ou de l’anxiété : l’auto-évaluation, l’inventaire de dépression de Beck, l’échelle d'évaluation de la dépression de l'enfant (CDRS-R), l’inventaire de dépression de l’enfant dans sa version 1 et 2, l’échelle de dépression de Hamilton, les inventaires de jeunesse de Beck et l’échelle hospitalière de mesure del' anxiété et de la dépression (HADS) .
Dans les essais, l’activité physique était évaluée en tant qu’intervention unique ou complémentaire et consistait en des séances « d’aérobic» ou d’exercices pour perdre du poids, 3 fois par semaine pendant 6 à 40 semaines (11 en moyenne).
Au final, les chercheurs ont sélectionné 8 des 11 essais présélectionnés pour mesurer l’amplitude d’effet standardisé de l’exercice physique.
Effet modéré de l’exercice chez les adolescents avec un diagnostic de dépression
Il ressort de la méta-analyse de ces 8 essais que l’exercice a un effet global modéré statistiquement significatif sur la réduction des symptômes dépressifs, avec une différence moyenne standardisée de -0,48 (IC 95% : -0,87 à -0,10, p=0,01) mais avec une forte hétérogénéité (I²=68%).
En parallèle, lorsque seuls les 5 essais qui avaient la meilleure méthodologie étaient pris en compte, l’effet n’était plus statistiquement significatif, avec une différence moyenne standardisée de -0,41 (IC 95% : -0,86 à -0,05, p=0,08).
Enfin, lorsque les données des 4 essais portant exclusivement sur les adolescents qui avaient un diagnostic de dépression, recevaient un traitement antidépresseur ou étaient cliniquement déprimés selon une échelle de dépression (populations dites « cliniques ») étaient colligées, l’exercice montrait un effet global modéré statistiquement significatif sur la réduction des symptômes dépressifs, avec une différence moyenne standardisée de -0,43 (IC 95% : -0,8 à -0,02, p=0,04) et un niveau d’hétérogénéité acceptable (I²=44%).
« Le fait que le niveau d’hétérogénéité est de 44 % nous rend confiant sur le fait que les études mesurent la même chose. Plus le score I² est faible, mieux c’est. En dessous de 50 %, il peut être considéré comme bas », a expliqué le Dr Carter.
Citer cet article: Aude Lecrubier. L’activité physique améliore la dépression de l’adolescent - Medscape - 24 mai 2016.
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