Les conclusions de la HAS
Au regard de cette analyse de la littérature et des critères OMS/ANAES/HAS justifiant la mise en place d’un dépistage, la HAS juge que les conditions ne sont pas réunies pour y être favorable.
« Pour qu'il soit possible et utile de dépister une maladie, au moins six conditions doivent être réunies ; ce qui n'est pas le cas actuellement pour le cancer du poumon », indique la HAS.
La HAS estime en effet que :
-La maladie est difficilement détectable à un stade précoce à cause de sa rapidité d'évolution : il n'est pas clairement établi qu'il existe une période suffisamment longue - entre le moment où une anomalie est décelable à l'imagerie et l'apparition des premiers symptômes - pour mener un dépistage.
-L'examen de dépistage disponible n'est pas adapté : le scanner thoracique génère trop de faux positifs (jusqu'à 90% des anomalies trouvées au scanner s'avèrent non cancéreuses après examen) et reste irradiant même à faible dose. La question du risque de cancers induits par les radiations se pose d'autant plus que cet examen, qui irradie une large part du thorax, devrait être répété et réalisé régulièrement dans le cadre d'un dépistage.
-Les possibilités de traitements sont restreintes, même à un stade précoce de la maladie : les traitements actuels sont essentiellement chirurgicaux, lourds et réalisables dans certains cas uniquement (selon l'état général de la personne et les caractéristiques de la tumeur).
-Les personnes qui pourraient bénéficier d'un dépistage ne sont pas précisément identifiables : il n'existe pas de repères précis (nombre de cigarettes fumées, ancienneté du tabagisme) permettant d'identifier avec exactitude les fumeurs les plus à risque de développer un cancer du poumon.
- La réduction de la mortalité grâce à ce dépistage n'est pas établie dans le contexte français.
-Il y a trop de risques et d'inconvénients associés à ce dépistage pour des bénéfices très incertains : les inconvénients d'un dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique sont nombreux, avec des complications parfois graves voire mortelles suite à l'exploration d'anomalies non cancéreuses identifiées au scanner. Les bénéfices quant à eux sont très incertains.
REFERENCES :
1. HAS. Rapport d’orientation. Pertinence du dépistage du cancer broncho-pulmonaire en France Point de situation sur les données disponibles Analyse critique des études contrôlées randomisées. 20/01/2016
2.Communiqué de presse HAS. Cancer du poumon : conditions non réunies pour un dépistage chez les fumeurs. 19/05/2016
3. Communiqué du ministère de la santé. Transposition de la directive européenne sur le tabac, arrivée du paquet neutre : « La France est sésormais pionnière en Europe dans la lutte contre le tabac ». 18/05/2016
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Le dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs n’est ni possible, ni utile, selon la HAS - Medscape - 20 mai 2016.
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