Schizophrénie : l’inflammation périphérique corrélée au déficit cognitif

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

12 mai 2016

Créteil, France – Une étude menée par les 10 centres experts en schizophrénie de la Fondation FondaMental, montre une corrélation entre inflammation périphérique et fonctions cognitives de patients schizophrènes [1]. Si le suivi de cohorte montrait que l’inflammation est prédictive de l’évolution de ces patients, des essais d’intervention pourraient se justifier.

            

Dr Guillaume Fond

            

Le rôle de l’inflammation est plus fréquemment discuté dans le diabète que dans la maladie mentale. Pourtant, « voici une vingtaine d’années que le champ de recherche s’est ouvert, et il est en plein essor depuis 5 à 10 ans », explique l’un des auteurs de l’article, le Dr Guillaume Fond (FondaMental, Inserm 955, Hôpital Henri-Mondor, Créteil) à Medscape édition française.

Le premier enjeu est la compréhension de certains aspects physiopathologiques qui auraient jusqu’ici largement échappé à la psychiatrie : « l’idée est celle d’un défaut d’extinction de l’inflammation dans la schizophrénie », résume le Dr Fond.

Le second, à terme, serait l’utilisation d’anti-inflammatoires pour ralentir la progression des patients schizophrènes.

Une CRP anormale chez près de 30% des patients schizophrènes

L’étude publiée dans Schizophrenia Bulletin porte sur 369 patients schizophrènes consécutifs (75% d’hommes, 33 ans, 12 ans d’ancienneté moyenne du diagnostic), qui ont été évalués sur le plan cognitif par une batterie de tests, tandis que la protéine C-réactive (CRP) était dosée dans le plasma. Le seuil retenu pour qualifier l’inflammation était une CRP > 3 mg/L. On note que les patients présentant une CRP > 20 mg/L, ou une maladie auto-immune, ont été exclus. Ce qui était recherché est une « sub-inflammation chronique », indique le Dr Fond.

Une CRP anormale selon ces critères, a été observée chez 104 patients (28,2%).

Elle est apparue significativement associée à une capacité intellectuelle altérée (Full Scale IQ) (taille d’effet : 0,34 ; p=0,004). De même pour la capacité verbale (0,33 ; p=0,006), et la performance (0,29 ; p=0,016).

Sur des échelles spécifiques, des associations inverses significatives ont également été relevées entre CRP anormale et mémoire de travail, capacité d’apprentissage, reconnaissance visuelle, mémoire sémantique, flexibilité mentale, pensée abstraite, attention visuelle et vitesse de traitement.

Enfin, en analyse multifactorielle, ces associations sont indépendantes de l’âge, du sexe, du niveau d’éducation, de la symptomatologie psychotique et de la durée de la maladie, des traitements, et des addictions éventuelles (tabac, cannabis, alcool…).

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