Nouvelle Orléans, Etats-Unis — De nombreuses patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce pourraient éviter la chimiothérapie adjuvante grâce à l’utilisation du test génétique pronostique MammaPrint(Agendia), selonle vaste essai européenprospectif MINDACT (Microarray for Node-Negative Disease May Avoid Chemotherapy Trial) [1]. Suite à ces résultats, le gouvernement français vient d’annoncer le remboursement de ce type de tests dans le cadre hospitalier.
Lorsque les résultats des évaluations cliniques et génétiques sont discordants, s’appuyer uniquement sur l’évaluation génétique permettrait d’éviter une chimiothérapie dans 14 % des cas sans diminuer les chances de survie sans métastase.
Plus frappant encore, chez les patientes dont le cancer est classé à haut risque après évaluation clinique, s’appuyer sur les résultats du test génétique permettrait de revoir le niveau de risque à la baisse et de se passer d’une chimiothérapie post-chirurgicale dans près d’un cas sur deux (46%), sans grever le pronostic des patientes.
A partir d’une biopsie de la tumeur mammaire, le test MammaPrint mesure l'activité de 70 gènes impliqués dans la récidive tumorale. Il emploie ensuite un algorithme pour générer un score qui détermine le niveau de risque de dissémination du cancer. |
Les résultats de cet essai académique étaient attendus avec impatience depuis son lancement en 2007. Ils ont été présentés au congrès de l’American Association for Cancer Research (AACR) le 18 avril.
« Les résultats de l’essai MINDACT apportent la preuve (niveau 1A) que l’utilisation de MammaPrint pourrait changer la pratique en diminuant le recours à la chimiothérapie adjuvante et en évitant à de nombreuses patientes un traitement agressif dont elles ne tireront pas de bénéfice », a commenté l’auteur principal de l’essai, le Dr Martine Piccart (Institut Jules Bordet, Bruxelles, co-fondatrice et présidente du Breast International Group, BIG).
« Si vous intégrez le test génomique dans la pratique clinique, vous pourrez identifier les patientes qui peuvent éviter la chimiothérapie », a commenté le Dr Harold Burstein (Institut du Cancer Dana-Farber, Boston, Etats-Unis) lors de la discussion qui a suivi la présentation des résultats.
La bonne nouvelle du remboursement ! Selon une information relayée par le Figaro le 9 mai 2016, le ministère de la santé a décidé de rembourser ce type de test dans le cadre hospitalier. L'État les prendra désormais en charge dans la limite de 1850 euros. Jusqu’ici, seules les patientes enrôlées dans des essais cliniques y avaient accès. Le ministère de la Santé français estime qu'environ 6000 patientes pourraient se voir proposer le test chaque année. |
Quatre groupes de risque
L’étude prospective MINDACT a inclus 6693 patientes atteintes d’un cancer du sein de stade précoce qui avaient déjà subi une chirurgie du sein. Les participantes provenaient de 9 pays européens.
Lorsque l’essai a débuté en 2007, les patientes enrôlées avaient un cancer du sein précoce sans atteinte des ganglions lymphatiques, mais le protocole a été modifié en 2009 et a autorisé l’inclusion de patientes avec un à 3 ganglions positifs.
Sur l’ensemble des participantes, 60 % avaient une tumeur de 1 à 2 cm, 88% étaient HR+, une sur cinq avait un ou plusieurs ganglions atteints et près de 10 % avaient des tumeurs HER2 +, biologiquement agressives.
Citer cet article: Aude Lecrubier. Cancer du sein : moins de chimiothérapies inutiles grâce à un test génétique - Medscape - 11 mai 2016.
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