Novo Nordisk annonce que le liraglutide et le semaglutide réduisent le risque CV

Aude Lecrubier, Lisa Nainggolan

Auteurs et déclarations

4 mai 2016

Bagsværd, Danemark     – Alors qu’en 20 ans, aucun traitement du diabète n’avait montré un quelconque impact bénéfique sur le risque cardiovasculaire, voici qu’en 8 mois deux nouvelles classes thérapeutiques d’antidiabétiques suggèrent le contraire. La première dont on a déjà beaucoup parlé avec    l’essai EMPA-REG est celle des gliflozines, la seconde dont le laboratoire Novo Nordisk     vient d’annoncer la positivité dans un communiqué de presse, en amont de la présentation officielle des résultats (à l’ADA 2016 pour la première étude) est     celle des agonistes GLP-1 (Glucagon Like Peptide 1), médicaments injectables en sous-cutané appartenant au groupe des incrétines.

A un mois d’intervalle, Novo Nordisk a d’abord annoncé que son analogue GLP1 liraglutide (Victoza®) réduisait significativement le risque d’événements     cardiovasculaires majeurs chez des patients diabétiques de type 2 à haut risque, puis que les résultats de l’essai SUSTAIN-6. avec le     semaglutide (non encore commercialisé) étaient également positifs.

Bénéfice CV : SUSTAIN-6 est un essai de non-infériorité

Dans l’essai SUSTAIN-6, près de 3300 diabétiques de type 2 recevant déjà un traitement standard, ont été randomisés pour recevoir soit 0,5     mg et d’1 mg de semaglutide (administration sous-cutanée 1x/sem) soit un placebo. Le risque cardiovasculaire et la sécurité à long terme ont été évalués     après 104 semaines de traitement.

Au final, d’après le laboratoire, le semaglutide est non-inférieur au placebo en ce qui concerne les événements cardiovasculaires majeurs (décès     cardiovasculaire + IDM non mortel + AVC non mortel). En outre, il réduirait de façon statistiquement significative le risque cardiovasculaire.

En termes de sécurité, les chercheurs ont observé un profil de tolérance conforme à ce qui « était attendu et à ce qui avait été observé dans les études     cliniques réalisées auparavant avec le semaglutide », indique le fabricant dans son communiqué de presse.

Les résultats complets de l’essai SUSTAIN-6 ne seront pas présentés au congrès de l’American Diabetes Association (ADA     2016, 10-14 juin, Nouvelle-Orléans), laissant toute la place à ceux de l’essai LEADER (Liraglutide Effect and Action in Diabetes:     Evaluation of Cardiovascular Outcome Results—A Long Term Evaluation) avec le liraglutide et une administration quotidienne sous-cutanée. Il faudra donc     patienter avant d’en savoir plus.

Comment expliquer les bénéfices CV potentiels associés à ces deux analogues du GLP-1?

Interrogé sur ce point, le Dr Boris Hansel (endocrinologue-diabétologue et nutritionniste, Université Paris VII, hôpital Bichat, Paris) a     expliqué que ces molécules avaient un effet sur la perte de poids. « Pour le moment, nous observons un effet sur le poids et donc sur l’ensemble des facteurs cardiométaboliques qu’ils soient visibles ou non. D’ailleurs, outre son AMM dans le diabète de type 2,    le liraglutide une AMM à la dose de 3 mg dans l’obésité aux Etats-Unis et en Europe (n’est     pas commercialisé en France) ».

Le diabétologue ajoute : « A la différence des autres médicaments anti-obésité pour lesquels la Commision de Transparence a indiqué qu’elle ne souhaitait     pas une mise sur le marché, l’avis semble plutôt favorable pour le liraglutide. La question reste celle du prix et du champ de remboursement. »

           

Quels autres antidiabétiques ont montré un bénéfice cardiovasculaire ?

           

Sur le plan cardiovasculaire, outre ces deux analogues de GLP-1, l’inhibiteur de SGLT2 empagliflozine (Jardiance®, Boehringer Ingelheim/Lilly) a été associé à une réduction importante de la mortalité cardiovasculaire dans l’essai EMPA-REG présenté au congrès de l’        European Association for the Study of Diabetes (EASD) à Stockholm en septembre 2015.
           
           Aussi, la pioglitazone (Actos®, Takeda Pharmaceuticals), désormais génériquée aux Etats-Unis, a montré un bénéfice cardiovasculaire il y a une dizaine         d’année dans l’essai PROactive et plus récemment dans l’essai IRIS chez des patients insulinorésistants non         diabétiques. Toutefois, le médicament est également associé à un taux important d’oedèmes, à une prise de poids et à de l’insuffisance cardiaque. La         question du sur-risque de cancers de la vessie n’est pas encore tranchée. En raison de ces signaux de pharmacovigilance, la pioglitazone n’est pas         commercialisée en France.

           

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