Etats-Unis – L’US Preventive Services Task Force (USPSTF) recommande désormais l’aspirine en faibles doses quotidiennes en prévention primaire des événements cardiovasculaires et du cancer colorectal. Il s’agit des premières recommandations à prendre en considération l’effet préventif sur le cancer colorectal [1].
L’USPSTF préconise une consommation quotidienne de faibles doses d’aspirine (<100 mg) chez les patients de 50 et 69 ans qui ont une espérance de vie supérieure à 10 ans, un risque cardiovasculaire (IDM et AVC) supérieur à 10% à dix ans, pas de risque de saignements particulier, et qui s’engagent à suivre le traitement préventif pendant au moins 10 ans.

Pr Ludovic Drouet
« Ce que ces recommandations américaines ont d’original, c’est qu’elles sont les premières à prendre en considération à la fois la prévention cardiovasculaire et celle du cancer colorectal. Reste à savoir si elles sont transposables dans des populations, comme celle de la France où les patients ont un risque CV moindre », a commenté le Pr Ludovic Drouet (angio-hématologie, hôpital Lariboisière, Paris) pour Medscape édition française (voir article : Aspirine en prévention primaire : les nouvelles recommandations USPSTF sont-elles transposables chez nous ? ».
Les recommandations américaines ont été publiées le 12 avril dans les Annals of internal Medicine [1].
Ce que l’on sait Les maladies cardiovasculaires et le cancer colorectal comptent parmi les principales causes de mortalité dans le monde. Jusqu’ici plusieurs essais randomisés contrôlés ont suggéré que l’aspirine était efficace en prévention primaire des maladies cardiovasculaires et du cancer colorectal au prix d’un risque accru de saignements gastro-intestinaux et cérébraux. L’aspirine prévient le risque cardiovasculaire en diminuant le risque de thrombose grâce à son effet anticoagulant. Les mécanismes de son action préventive sur le cancer colorectal sont moins bien compris. Ils pourraient résulter de l’activité anti-inflammatoire de l’aspirine. |
Les recommandations de l’USPSTF par tranche d’âge
De 40 à 49 ans :La prévention primaire par de faibles doses d’aspirine quotidiennes n’est pas recommandée. Selon le groupe de travail, les données actuellement disponibles ne permettent pas d’évaluer le rapport bénéfice risque de la prévention primaire cardiovasculaire ou du CCR chez les patients de moins de 50 ans.
« Globalement, les bénéfices sont probablement inférieurs à ceux obtenus entre 50 et 69 ans en raison du moindre risque cardiovasculaire », indiquent les experts.
De 50 à 59 ans : La prévention primaire est recommandée (Recommandation de niveau modéré : B). « Cette tranche d’âge est celle qui tire le plus grand bénéfice net de la stratégie préventive par aspirine », notent les auteurs.
Ils précisent : un risque cardiovasculaire supérieur à 10 % à 10 ans permet d’identifier les patients chez qui les bénéfices dépassent les risques à condition qu’ils n’aient pas de risques de saignements particuliers et qu’ils prennent de faibles doses d’aspirine (≤100 mg/j) pendant 10 ans au moins. Dans cette tranche d’âge, l’espérance de vie est suffisante pour que le risque de cancer colorectal soit réduit.
De 60 à 69 ans : La recommandation est « optionnelle » (recommandation de niveau modéré : C).
Pour l’USPSTF, la décision d’initier une stratégie préventive par aspirine à faible dose entre 60 et 69 ans doit être discutée au cas par cas chez les patients qui ont un risque cardiovasculaire supérieur à 10 % à 10 ans.
Dans cette tranche d’âge, les patients qui ont un risque CV élevé sont ceux qui ont le plus de chance d’avoir un rapport bénéfice risque favorable. Aussi, les plus jeunes vont probablement plus bénéficier de l’effet préventif sur le cancer colorectal.
Là encore, ce sont les patients qui n’ont pas de risque de saignements particuliers, qui ont une espérance de vie supérieure à 10 ans et qui s’engagent à prendre une faible dose d’aspirine tous les jours pendant au moins 10 ans qui ont le plus de chance de tirer bénéfice de la stratégie préventive.
Citer cet article: Aude Lecrubier. L’aspirine recommandée en prévention primaire du risque CV et du cancer colorectal - Medscape - 26 avr 2016.
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