Prostate : l’arrêt du dépistage par PSA aurait des effets délétères chez les plus âgés

Aude Lecrubier, Kate Johnson

Auteurs et déclarations

19 avril 2016

Munich, Allemagne – Hasard du calendrier, alors que l’INCa et la CPAM en France s’alarment du nombre encore trop élevé du nombre de dosage du PSA (voir notre article), deux études présentées lors du récent congrès de l’European Association of Urology (EAU), suggèrent que l’arrêt du dépistage systématique du cancer de la prostate chez les plus âgés est associé à une perte de chance pour les patients [1,2].

Plus de maladies avancées et métastatiques

Selon une première étude américaine, les recommandations de l’US Preventive Services Task Force (USPSTF) de 2008, qui ne préconisent plus le dépistage systématique par dosage du PSA après 75 ans, ont affecté le pronostic des patients.

« Notre étude montre une plus forte probabilité d’être diagnostiqué avec un cancer de la prostate métastatique ou à haut risque chez les hommes âgés [depuis l’arrêt du dépistage systématique]», a indiqué le Dr Deepansh Dalela (Henry Ford Hospital, Detroit, Etats-Unis), co-auteur de l’étude.

En recommandant uniformément de ne pas faire le dépistage par dosage PSA, nous jetons peut-être le bébé avec l’eau du bain -- Dr Deepansh Dalela

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de Detroit ont analysé les diagnostics de cancer de la prostate (National Cancer Data Base) 3 ans avant et 3 ans après les recommandations de l’USPSTF.

Après ajustement pour les facteurs confondants sociodémographiques, l’analyse multivariée a montré que les hommes de plus de 75 ans avaient un risque de cancer de la prostate à haut risque (cT1-T3NxM0) ou métastatique accru de respectivement 20 % et 34% après 2008 vs avant (p<0,01).

« Le message sous-jacent est clair : en recommandant uniformément de ne pas faire le dépistage par dosage PSA, nous jetons peut-être le bébé avec l’eau du bain », a commenté le Dr Dalela pour l’édition internationale de Medscape.

A l’avenir, les chercheurs s’attendent à observer le même phénomène chez les hommes plus jeunes en raison des recommandations de 2011 (dépistage systématique non-recommandé quel que soit l’âge).

Etude Gothenburg : arrêt du dépistage après 60 ans = perte de chance

Egalement présentée lors de l’EAU, la vaste étude randomisée de Gothenburg (Suède) (n=19 899) suggère, elle aussi, que l’arrêt du dépistage régulier, à 60 ans dans le protocole de l’essai, serait délétère.

En 2010, l’étude de Gothenburg comparant les bénéfices du dépistage vs l’absence de dépistage avait montré que globalement le dépistage régulier diminuait la mortalité par cancer de la prostate de 44% quel que soit l’âge. Les résultats présentés à l’EAU 2016 après 18 ans de suivi ne montrent plus qu’un bénéfice de 35%. Pour les auteurs cette baisse relative est attribuable à l’arrêt du dépistage chez les patients âgés de plus de 60 ans dans leur etude.

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