Philadelphie, Etats-Unis — Le pramipexole (Sifrol®, Boehringer Ingelheim Pharmaceuticals, Inc), médicament des troubles moteurs dans la maladie de Parkinson, serait également efficace dans la dépression résistante, selon une petite étude réalisée en ouvert présentée au congrès 2016 de l’ Anxiety and Depression Association of America (ADAA) [1].
« Des patients réfractaires à plusieurs traitements ont vu leurs symptômes nettement améliorés avec une dose adéquate d’agent dopaminergique», a indiqué le co-président de session, le Pr Steven Hollon (Université de Vanderbilt, Nashville, Etats-Unis) à l’édition internationale de Medscape.
« Le message important est que nous devrions utiliser un agent dopaminergique comme le pramipexole chez les patients anhédoniques en échec thérapeutique. »
Seul bémol, un quart des patients n’ont pas répondu au traitement en raison de problèmes de tolérance ne leur permettant pas d’atteindre une dose minimale-efficace.
Le pramipexole est actuellement indiqué dans la maladie de Parkinson et le syndrome des jambes sans repos. Il s’agit d’un agoniste dopaminergique relativement sélectif des récepteurs D3. Les récepteurs D3 sont présents dans le système mésolimbique qui est impliqué dans les déficits moteurs et hédoniques associés à la dépression. Jusqu’ici, le pramipexole a montré qu’il possédait une activité antidépressive spécifique chez des patients parkinsoniens déprimés — non directement liée à son efficacité motrice — dans une étude contre placebo [3]. Son utilisation en association soit à des tricycliques soit à des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) chez des patients présentant une dépression résistante unipolaire ou bipolaire a également montré un certain intérêt [4-7]. |
Les trois quarts des patients répondeurs au traitement
L’étude publiée dans l’édition de l’American Journal of Psychiatry de février a enrôlé 42 patients non hospitalisés dont 24 patients souffrant de dépression caractérisée et 18 de troubles bipolaires [2].
Tous les participants avaient une dépression résistante aux traitements définie par un échec à au moins 4 antidépresseurs (en moyenne 6). En outre, 8 sur les 42 patients n’étaient pas sensibles aux électrochocs.
« Tous les patients ont débuté le pramipexole alors qu’ils recevaient d’autres médicaments parce que nous ne savions pas si l’ajout du pramipexole serait utile », ont précisé les chercheurs.
Le dosage initial était de 0,25 mg/j pour les patients de moins de 45 ans. Il était augmenté par paliers de 0,25 mg tous les 3 jours. L’objectif était d’atteindre une dose de 2 mg/j (elle est de 3 mg/j dans Parkinson). La dose de pramipexole était à nouveau augmentée si les patients n’étaient pas en rémission après 2 ou 3 semaines.
Pour les plus de 45 ans, la posologie initiale était de 0,5 mg/j et augmentée de 0,5 mg tous les 3 jours. De la même façon que pour leurs cadets, la dose de pramipexole était à nouveau augmentée si les patients n’étaient pas en rémission après 2 ou 3 semaines.
Si les patients ne supportaient pas un dosage, ils revenaient à la dose précédente pour une à deux semaines puis, le dosage était à nouveau augmenté s’ils n’étaient pas en rémission.
Citer cet article: Aude Lecrubier. Un anti-parkinsonien à l'essai dans la dépression résistante - Medscape - 13 avr 2016.
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