Chicago, Etats-Unis – Dans HOPE 3, un traitement hypotenseur faiblement dosé, administré à une population tout-venant d’hommes de plus de 55 ans et de femmes de plus de 65 ans, indemnes de pathologie cardiovasculaire (CV) n’apporte aucun bénéfice CV par rapport au placebo, avec près de 6 ans de recul.
Ce résultat, qui est en fait celui de premier bras de l’étude HOPE 3, a été présenté par le Dr Eva M Lonn (McMaster University, Hamilton, Canada) lors du congrès de l’American College of Cardiology 2016 (ACC 2016), et publié simultanément dans le New England Journal of Medicine [1].
Le hiatus avec l’étude SPRINT, présentée lors du congrès de l’American Heart Association 2015 , était naturellement dans les esprits, puisque SPRINT, au contraire de HOPE 3, avait conclu à l’intérêt d’une baisse de la PAS jusqu’à 120 mm Hg.
Tous les commentateurs ont cependant souligné que SPRINT avait été menée chez des sujets à plus haut risque, et dont on avait davantage fait baisser la PA. Au demeurant si le résultat global de HOPE 3 est négatif, un bénéfice a malgré tout été observé dans le tertile des sujets présentant la PAS la plus élevée. Conclusion générale : un traitement hypotenseur peut être prescrit à un sujet présentant une PA élevée, et non chez un sujet normotendu. C’est une lapalissade, mais après les résultats de l’essai SPRINT, il était tentant de faire baisser la PA pour réduire le risque cardiovasculaire en prévention primaire.
Rappel du concept de prévention primaire à large échelle de HOPE L’étude HOPE 3 (Heart Outcomes Prevention Evaluation-3) visait à évaluer l’intérêt de traitements hypotenseurs et hypolipémiants faiblement dosés dans une population à risque CV intermédiaire. Ce travail a été conduit par le Pr Salim Yusuf (Hamilton, Canada) dont on connait la préoccupation de longue date pour les ravages annoncés des maladies CV dans les pays en développement. L’idée est d’évaluer des traitements simples, peu couteux et ne nécessitant pas une surveillance étroite, que l’on pourrait donner de manière plus ou moins systématique à de larges tranches de population. Terrible idée, d’ailleurs que de considérer que sur le front de la prévention non pharmacologique, le combat serait déjà perdu. Pourquoi pas l’aspirine ? On note au passage que la question de l’absence de l’aspirine, aux côtés des traitements hypotenseur et hypolipémiant a été posée (Dr Patrick T O'Gara, Brigham and Women's Hospital, Boston). Le Pr Yusuf a rappelé qu’il s’agit d’un essai de prévention primaire, où l’intérêt de l’aspirine est « toujours débattu », et estimé qu’un design factoriel 2x2x2 serait devenu franchement compliqué. |
HOPE 3 a donc été menée chez 12705 sujets, hommes de 55 ans ou plus, femmes de 65 ans ou plus, présentant au moins l’un des facteurs de risque suivant : rapport taille/hanche élevé, faible HDL-c, tabagisme actuel ou récent, dysglycémie, antécédents coronariens familiaux, insuffisance rénale légère. Les sujets porteurs d’une affection CV connue étaient exclus.
Citer cet article: Vincent Bargoin. HOPE 3 : en l’absence d’HTA, un traitement hypotenseur n’a pas d’effet préventif CV - Medscape - 5 avr 2016.
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