Chicago, Etats-Unis — Les effets indésirables musculaires associés aux statines toucheraient entre 5 et 29 % des patients, selon les études observationnelles et bien moins selon les essais randomisés.
Si la réalité est probablement entre les deux, en pratique, on considère que 10% des patients au risque cardiovasculaire élevé refuseraient ou seraient réticents à prendre des statines pour cette raison.
Une situation particulièrement problématique en l’absence de stratégies alternatives satisfaisantes.
A la recherche de nouvelles thérapeutiques efficaces pour ces patients intolérants aux statines, un groupe de chercheurs international a mené l’essai GAUSS-3 (Goal Achievement After Utilizing an Anti-PCSK9 Antibody in Statin Intolerant Subjects 3) : anti-PCSK9 evolocumab versus thérapie de remplacement classique par ézétimibe.
Il en ressort que chez des patients à risque cardiovasculaire élevé drastiquement sélectionnés sur le plan de l’intolérance musculaire aux statines, l’evolocumab est largement supérieur à l’ézétimibe à la fois sur le plan de la baisse du LDL-c que sur celui de la tolérance musculaire.
Ces données, présentées en LBCT (late breaking clinical trial) dimanche 3 avril au congrès de l’American Cardiology Association (ACC) 2016 et publiées simultanément dans le JAMA, n’ont pas créé une grande surprise et ont suscité une certaine réserve[1,2].
En pratique, que faire de ce résultat ?
Dans un éditorial accompagnant l’article, le Dr David Waters et coll. (Etats-Unis) ont appelé à raison garder : « Ces résultats sont instructifs, mais beaucoup de questions restent sans réponse. »
« D’autres études seront nécessaires pour évaluer l’efficacité et la sécurité [de l’evolocumab] sur le long terme », ont précisé, pour leur part, les investigateurs de l’essai GAUSS-3 (Etats-Unis, Pays-Bas, Australie, Royaume-Uni, France, République Tchèque, Allemagne).
Evolocumab : un résultat impressionnant sur le LDL-c
Après une phase A du protocole ayant permis de cibler les patients « réellement » intolérants aux statines ( voir notre article), les patients qui avaient souffert de douleurs musculaires uniquement sous atorvastatine ou qui avaient un décuplement de leur taux de créatinine kinase (n=218) ont été randomisés pour recevoir soit de l’ézétimibe 10 mg/j (n= 73) et soit l’anti-PCSK9 evolocumab 420 mg/mois (n=145).
Après 24 semaines, les taux de LDL-c étaient abaissés de 16,7% (de 221,9 mg/dL à 181,5 mg/dL) dans le bras ézétimibe et de 52,8 % (de 218,8 mg/dL à 104 mg/dL) dans le bras evolocumab (p<0,001).
Un résultat qui n’est pas étonnant, en soi, selon les éditorialistes : « des résultats similaires ont été rapportés avec l’evolocumab ou l’alirocumab chez les patients intolérants aux statines dans les essais de phase 3 réalisés auparavant » [3-5].
Citer cet article: Aude Lecrubier. Intolérance aux statines : les anti-PCSK9 comme alternative ? - Medscape - 4 avr 2016.
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