Intolérance aux statines ? GAUSS-3 distingue le vrai du faux

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

4 avril 2016

Chicago, Etats-Unis — L’intolérance musculaire aux statines reste un sujet très controversé. Dans les essais randomisés « statines vs placebo », la présence de myalgies chez une grande part de ceux traités par placebo a créé un climat de doute concernant son incidence réelle. Et, l’absence de test diagnostic n’a pas permis de répondre aux interrogations.

Pour tenter d’y voir plus claire, le Dr Steven E. Nissen et coll. (Université de Cleveland, Etats-Unis) ont réalisé l’essai GAUSS-3 (Goal Achievement After Utilizing an Anti-PCSK9 Antibody in Statin Intolerant Subjects 3).

L’essai aadressé spécifiquement cette question dans une première phase de son protocole.

L’objectif de cette phase A était de sélectionner des patients « réellement » intolérants aux statines pour une deuxième phase de l’étude destinée à évaluer l’intérêt de l’anti-PCSK9 evolocumab comme alternative thérapeutique aux statines versus le remplacement classique par ézétimibe, jugé peu efficace (voir notre autre article).

Les résultats de GAUSS-3 ont été présentés en Late breaking clinical trial (LBCT) dimanche 3 avril au congrès de l’American Cardiology Association 2016 (ACC 2016) 2016 et publiés simultanément dans le JAMA [1,2].

Il s’agit « du premier essai clinique à inclure une ré-évaluation de l’intolérance aux statines en double aveugle randomisée contre placebo chez des patients avec des antécédents de myalgies documentés. GAUSS-3 apporte un nouvel éclairage », selon un communiqué de presse de l’ACC [3].

Résultat de la phase A : sur 10 patients considérés comme intolérants aux statines, 4 le seraient réellement.

Une situation extrêmement frustrante pour les patients et les médecins

Dix pour cent des patients avec un risque cardiovasculaire élevé refusent ou sont réticents à prendre des statines en raison de douleurs musculaires associées aux statines.

La plupart du temps, les prescripteurs sont contraints d’espacer ou d’abaisser les doses de statines ou d’opter pour d’autres traitements comme l’ézétimibe. Cependant, ces stratégies alternatives permettent rarement d’atteindre les cibles de LDL-c recommandées pour limiter le risque cardiovasculaire de façon optimale.

« Il s’agit d’une situation extrêmement frustrante pour ces patients à haut risque et pour les médecins parce qu’ils n’y a pas de bonnes alternatives thérapeutiques », a commenté le Dr Nissen, lors de la conférence de presse de l’ACC.

Sélection des « vrais » intolérants

La question était : ces patients vont-ils avoir des symptômes seulement sous statines ou aussi avec le placebo ? – Dr Steven Nissen

Entre 2013 et 2014, les auteurs ont enrôlé 492 patients avec des antécédents d’effets secondaires musculaires à plus de 2 statines (50% hommes, âge moyen 60 ans).

Il s’agissait de patients avec un risque cardiovasculaire élevé (34,6 % de coronariens, taux de cholestérol LDL moyen : 212,3 mg/dL).

Après un mois de « sevrage» (washout), les participants ont été randomisés pour recevoir soit de l’atorvastatine à faible dose (20 mg/j) soit un placebo pendant 10 semaines. Puis, après deux semaines de sevrage, les patients qui avaient reçu l’atorvastatine ont reçu un placebo et vice versa pendant à nouveau 10 semaines.

« Nous avons essayé de documenter plus objectivement la présence de l’intolérance aux statines. La question était : ces patients vont-ils avoir des symptômes seulement sous statines ou aussi avec le placebo ? », a expliqué le Dr Nissen.

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