Paris, France - - En l'absence de symptômes typiques de l'allergie alimentaire IgE-médiée (rash cutané, urticaire, gêne respiratoire…), la survenue de vomissements intenses et répétés chez l'enfant doit faire penser au syndrome d'entérocolite induite par les protéines alimentaires (SEIPA), a rappelé le Dr Etienne Bidat (Hôpital Ambroise Paré, AP-HP, Boulogne-Billancourt), lors d'une intervention aux Journées francophones d'hépatogastroentérologie et d'oncologie digestive (JFHOD) 2016 [1].
Identifiée depuis seulement une dizaine d'année, cette allergie alimentaire non IgE-médiée, dite à médiation cellulaire, peut entrainer, dans sa phase aiguë, un choc hypovolémique grave chez le jeune enfant. Les adultes peuvent être également concernés, « mais les vomissements répétés les amènent souvent à conclure à une intoxication alimentaire » et à éviter spontanément l'aliment suspect, souligne l'allergologue.
Une prévalence non négligeable
A la différence des allergies alimentaires IgE-médiée, le SEIPA ne se manifeste pas par des signes habituels de l'allergie, comme l'urticaire, mais seulement par des signes digestifs. Une caractéristique, qui lui a valu d'être longtemps considéré comme une gastroentérite aiguë, voire une entérocolite.
Ce n'est qu'à partir de 2010 que les premières études sur ce syndrome ont été publiées. La cohorte israélienne portant sur 13 000 nourrissons (la plus importante à ce jour), a permis de déterminer une prévalence du SEIPA de 0,34%.
« Cette prévalence est presque équivalente à celle de l'allergie alimentaire IgE-médiée », note le Dr Bidat, qui rappelle toutefois qu'elle se limite à la population israélienne et ne peut être extrapolée.
Sur l'ensemble de cette cohorte, le syndrome a été diagnostiqué chez 44 nourrissons, après ingestion de lait de vache. En plus des vomissements répétés, les symptômes rapportés étaient une léthargie (75% des cas), une diarrhée (25%), une pâleur (14%) et des selles sanglantes (4,5%).
15 à 20 vomissements en phase aiguë
Le SEIPA peut apparaitre sous forme chronique ou aiguë. Dans le cas de la forme aiguë, « tous les aliments peuvent être en cause », souligne le Dr Bidat. Elle se manifeste par une succession de vomissements répétés en jet, le premier épisode survenant une à six heures après l'exposition à l'aliment.
« Ces vomissements intenses, se répétant 15 à 20 fois, provoquent une hypovolémie, qui s'accompagne ensuite d'une diarrhée dans la moitié des cas », indique l'allergologue. Dans cette forme aiguë, « l'enfant est souvent dans un état léthargique, pâle et semble comme mort ».
Citer cet article: Vincent Richeux. Le SEIPA : une nouvelle allergie alimentaire de l‘enfant à connaitre - Medscape - 4 avr 2016.
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