Paris, France -- De l'échographie à l'élastographie par FibroScan®, en passant par les biomarqueurs et les scores de fibrose calculés sur internet, plusieurs méthodes non invasives permettent d'évaluer la progression de la stéatose hépatique non alcoolique, sans recourir de manière systématique à la biopsie. Passage en revue par le Dr Julien Vergniol (CHU de Bordeaux), qui est intervenu aux Journées francophones d'hépatogastroentérologie et d'oncologie digestive (JFHOD) 2016 [1].
Caractérisée par une accumulation anormale de triglycérides dans les hépatocytes, la stéatopathie non-alcoolique (NAFLD) toucherait 25% de la population mondiale, selon une récente méta-analyse. Le diagnostic de la stéato-hépatite non alcoolique (NASH : nonalcoholic steatohepatitis), le stade le plus sévère de la maladie, est devenu, par conséquent, un enjeu majeur de santé publique.
De la stéatose à la NASH Le premier stade de la NAFLD est la stéatose hépatique simple. Généralement de bon pronostic, elle se définie par une absence de lésions cellulaires. Cette stéatose peut toutefois progresser vers une stéato-hépatite non alcoolique (NASH), un stade inflammatoire, caractérisé par des lésions nécrosantes et une ballonisation des hépatocytes. L'apparition d'une fibrose peut conduire à une cirrhose, voire un carcinome hépatocellulaire. |
Absence de signes cliniques
Le surpoids et l'obésité étant en constante augmentation, « cette prévalence est probablement sous-estimée », a affirmé le Pr Victor de Lédinghen (CHU de Bordeaux), lors d'une conférence de presse. « Parmi mes patients reçus en consultation d'hépatologie, un sur trois est suivi pour une NASH ».
Selon l'hépatologue, la situation est d'autant plus préoccupante que, dans le cas de la NASH, « les patients peuvent développer un hépatocarcinome, sans passer par le stade de la cirrhose ». Et, comme pour la majorité des pathologies hépatiques, la stéato-hépatite se caractérise par l'absence de signes cliniques.
Les moyens de dépistage de la NASH n'étant pas disponibles, « le challenge des années à venir est de diagnostiquer ces patients et suivre ceux les plus à risque de complication. A ce jour, parmi les patients atteints, on ne sait toujours pas distinguer ceux qui vont développer un cancer ».
Stéatose simple: échographie et élasticité du foie
Si la biopsie reste la méthode de référence pour évaluer le niveau de fibrose, les risques associés à cette méthode invasive amènent à se focaliser davantage sur les outils diagnostics non invasifs, qui se révèlent de plus en plus performants, a souligné le Dr Julien Vergniol.
Tout d'abord, pour diagnostiquer la stéatose simple, premier stade de la maladie et « facteur de risque de NASH », l'échographie est l'examen non invasif de référence. Selon l'hépatologue, « c'est un très bon outil pour le diagnostic des stéatoses modérées à sévères, qui dispose de bonnes valeurs prédictives négatives ».
L'IRM apparait également comme « un bon outil pour quantifier la stéatose et évaluer son évolution », certains modèles plus perfectionnés, comme le spectro-IRM, apportant même encore plus de précision. Toutefois, « en plus d'être coûteuse, cette méthode reste peu disponible dans cette indication ».
Technique plus récente, le Controlled Attenuated Parameter (CAP) est associé à la mesure de l'élasticité du foie par FibroScan®. Elle est basée sur l'impact de la graisse hépatique dans la propagation des signaux échographiques.
« La mesure du CAP est corrélée à la quantité de stéatose et certains paramètres du syndrome métabolique, mais les seuils permettant d'interpréter les résultats ne sont pas encore clairement établis. »
NASH: transaminases et gamma-GT inutiles
En ce qui concerne la NASH, « on manque réellement d'outils diagnostiques », a confirmé le Dr Vergniol, qui rappelle que les dosages des transaminases et des gamma-GT ne présentent aucun intérêt dans la recherche d'une NASH.
Citer cet article: Vincent Richeux. De la stéatose à la NASH: comment détecter et suivre les patients à risque ? - Medscape - 31 mars 2016.
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