POINT DE VUE

Maladie de Lyme : il est urgent d’actualiser les recommandations

Pr Christian Perronne

Auteurs et déclarations

7 mars 2016

Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue

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Confinée durant 30 ans dans le statut de maladie rare, la maladie de Lyme défraie la chronique.

On sait aujourd’hui que le test sérologique n’est pas fiable, et que la maladie n’est pas guérie après 3 semaines d’antibiothérapie. Un récent rapport du Haut conseil de Santé Publique (HCSP) demande d’ailleurs de nouveaux financements de la recherche, pour faire évoluer les recommandations [1].

A l’échelle internationale aussi, l’heure est aux remises en question. Les autorités de santé américaine reconnaissent dorénavant la maladie de Lyme comme fréquente, et l’on découvre régulièrement de nouvelles espèces de Borrelia, distinctes de B.burgdorferi. Ainsi, B. miyamotoi, découverte au Japon, se révèle présente dans les tiques en Europe et en Amérique du Nord. Citons aussi B. mayonii, découverte dernièrement à la Mayo Clinic [2]. Or, pour ces espèces, on ne dispose d’aucun test diagnostic.

Hormis les Borrelia, on retrouve maintenant des Anaplasma, des Ehrlichia, des Bartonella chez les malades. Et, encore une fois, de nouvelles espèces sont caractérisées, comme de nouvelles Bartonella retrouvées dernièrement par une équipe française dans le sang d’un patient présentant un tableau de maladie de Lyme chronique [3], ou Candidatus neoehrlichia mikurensis, découverte en Suisse, mais retrouvée chez de nombreux malades en Suède.

On découvre également que des piroplasmes sont largement associés à la maladie de Lyme.

Dans ce contexte alarmant, le Canada et trois États américains ont voté des lois qui, d'une part, reconnaissent la maladie de Lyme chronique et la mauvaise qualité des sérologies, et qui, d'autre part, interdisent les poursuites contre les médecins qui ne suivraient plus les recommandations de l’Infectious Diseases Society of America (IDSA) jugées non optimales (mais dont s'est inspirée la conférence de consensus française de 2006 sur la maladie de Lyme).

« Dernier scoop » du Pr Perronne, le site officiel américain National Guidelines Clearinghouse a retiré en février 2016 les recommandations de l’IDSA, considérées elles aussi comme obsolètes, au profit des recommandations de l’International Lyme and Associated Diseases Society, qui dénoncent depuis plusieurs années ce que le Pr Perronne qualifie de « scandale politique ».

Aujourd’hui, « on peut traiter par plusieurs mois d’antibiotiques une maladie de Lyme à sérologie négative, en associant des médicaments antiparasitaires pour les coinfections », souligne le Pr Perronne. Et c’est « une victoire pour les malades. Il devient urgent que les recommandations sur la maladie de Lyme changent, en France, en Europe et dans le monde ».

RÉFÉRENCES :

  1. Borréliose de Lyme. État des connaissances. Avis et rapport du HCSP du 28 mars 2014.

  2. Pritt BS, Mead PS, Johnson DHK et coll. Identification of a novel pathogenic Borrelia species causing Lyme borreliosis with unusually high spirochaetaemia: a descriptive study. Lancet doi.org/10.1016/S1473-3099(15)00464-8.

  3. Verdier-Watts F, Peloni JM, Piegay F et coll. An exceptional case of tricuspid infective endocarditis due to Bartonella henseale revealed by an old pulmonary embolism. Ann Cardiol Angeiol. 2016 Feb;65(1):48-50. doi: 10.1016/j.ancard.2015.01.004

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