Les enfants/adolescents qui deviennent ou restent obèses multiplient par 3 à 5 leur risque d’hypertension

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

3 mars 2016

Washington, Etats-Unis - - Selon une étude rétrospective américaine, publiée dans la revue Pediatrics [1], les enfants et les adolescents, qui deviennent obèses ou le reste ont un risque trois à cinq fois plus élevé de développer à court terme une hypertension (suivi moyen de 3,1 ans), comparativement à ceux gardant un poids normal. Le risque est encore plus élevé en cas d’obésité sévère.

Le Dr Emilie Parker (HealthPartners Institute for Education and Research, Minneapolis, Etats-Unis) et ses collègues ont voulu vérifier s'il existe chez l'enfant une corrélation entre l'évolution de l'indice de masse corporelle (IMC), la modification de la pression artérielle et le développement d'une hypertension.

Dans leur étude, les chercheurs ont analysé les données des dossiers médicaux électroniques de 101 606 enfants et adolescents, âgés de 3 à 17 ans. Ces dossiers proviennent de trois systèmes de santé américains, couvrant des zones géographiques distinctes.

Survenue de 343 cas d'hypertension

Dans ces dossiers, les sujets ont été suivis sur une période médiane de 3,1 ans. Parmi les critères d'inclusion figurait l'absence d'hypertension, lors de la première visite médicale référencée dans le dossier.

Dans cette cohorte, 16% des enfants et adolescents présentaient un surpoids lors de cette consultation initiale. Ceux qui avaient une obésité modérée ou sévère représentaient respectivement 2 et 4% des cas.

Au cours du suivi, 343 individus ont développé une hypertension, soit 0,3% de la cohorte. A partir des données récoltées, les chercheurs ont pu calculer l'IMC et évaluer le risque d'hypertension.

Après ajustement sur plusieurs variables (sexe, origine ethnique…), il n'y a pas eu de différence significative dans l'apparition d'une hypertension, entre les enfants ayant initialement un poids normal et ceux en surpoids.

En revanche, pour les enfants et adolescents obèses en début d'étude, les chercheurs ont rapporté un risque de développer une hypertension multiplié par deux (HR=2,02, IC95%: 1,28-7,04 et HR=2,20, IC95%, 1,24 – 3,91).

Concernant les enfants et les adolescents présentant initialement une obésité sévère, ils avaient quatre fois plus de risque de développer une hypertension (HR=4,42, IC 95%, 2,77 – 7,04 et HR=4,46, IC95%, 2,39 – 8,31) pendant la période de suivi.

Jusqu'à 5 fois plus de risque d'hypertension

Une prise de poids s'accompagnant d'un changement de catégorie d'IMC, est apparue corrélée de manière très significative avec une modification de la pression artérielle, pour l'ensemble de la cohorte, indiquent les auteurs.

En passant d'un poids normal à un surpoids ou d'un surpoids à une obésité, les garçons et les filles les plus jeunes ont présenté une hausse nette des pressions artérielles systoliques et diastoliques. Chez les adolescents, la tendance était encore plus marquée, en particulier pour les filles.

Les auteurs ont ainsi observé un risque d'hypertension multiplié par trois chez les adolescents passant d'un poids normal à un surpoids, au cours du suivi (HR=3,06; IC95%, 1,42 – 6,59). Pour les enfants passant d'un surpoids à une obésité, le risque était multiplié par cinq (HR=5,15; IC95%, 2,24 – 11,86).

A l'inverse, pour les enfants et adolescents initialement obèses ou en surpoids perdant un peu de poids, sans pour autant changer de catégorie, la diminution de pression artérielle était moins significative. Celle-ci restait encore supérieure à celle des enfants ayant un poids normal.

L'analyse a également montré qu'un maintien de l'obésité pendant la durée du suivi est associé à un risque d'hypertension multiplié par trois (HR=3,71, IC95%, 2,43 – 5,67 et HR=3,64, IC95%, 2,27 – 5,82).

Pour cette catégorie de population, il faudrait une perte de poids importante pour voir le risque d'hypertension se réduire de manière significative. L'étude révèle, en effet, qu'un passage d'une obésité à un surpoids est encore associé à un risque élevé d'hypertension (HR=1,79, IC95%, 0,96 – 3,33 et HR=1,46, IC95%, 0,68 – 3,12).

Une hausse "préoccupante"

« Le risque d'hypertension devient préoccupant pour les enfants qui restent obèses ou qui le deviennent. Même en passant à une catégorie d'IMC inférieure, la baisse de pression artérielle est insuffisante pour ceux qui présentent une obésité modérée ou sévère », a commenté le Dr Parker, auprès de l'édition internationale de Medscape.

L'hypertension reste rare chez l'enfant et l'adolescent, comme le confirme cette étude. Cependant, « il convient de prendre conscience de la corrélation entre l'IMC et la pression artérielle », qui peut s'avérer très variable d'un individu à l'autre, a-t-elle ajouté.

Selon elle, « ces résultats montrent qu'il reste essentiel de développer et de mettre en œuvre des stratégies de prévention efficaces pour limiter la prise de poids excessive dans la population pédiatrique ».

Aux Etats-Unis, un tiers des enfants sont en surpoids ou obèses, notent les auteurs. En France, selon la Haute autorité de santé (HAS), la prévalence est de 18%, dont 3% pour l'obésité.

 

REFERENCE :

  1. 1. ED Parker, AR Sinaiko, E Kharbanda, Change in Weight Status and Development of Hypertension , Pediatrics, publication en ligne du 16 février 2016.

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