Après SERVE-HF, comment traiter les apnées centrales de l’insuffisant cardiaque ?

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

4 mars 2016

Que faire chez les autres insuffisants cardiaques ?

En cas de fraction d’éjection ventriculaire gauche altérée alors que le syndrome d’apnée du sommeil est obstructif, un traitement s’impose : les règles hygiéno-diététiques d’abord, puis la pression positive continue (PPC) à condition de surveiller la pression artérielle, ou bien encore les orthèses d’avancée mandibulaire…

Si fraction d’éjection est préservée et le syndrome d’apnées du sommeil central, deux études suggèrent un effet bénéfique de la servo-ventilation, mais l’une porte sur un critère échographique, l’autre est une toute petite étude japonaise qui a inclus 36 patients… ce qui est insuffisant pour conclure d’autant que « SERVE-HF a montré qu’il fallait rester prudents et avoir des résultats sur de larges études » ajoute l’oratrice.

En pratique, comment agir devant un SAS central/mixte en général ?

Avant l’initiation du traitement, il importe de se poser la question de savoir si le SAS est réellement central, ce qui suppose, devant un tracé de polysomnographie, de relire soigneusement l’enregistrement :

- en étant attentif chez le patient obèse pour lequel la qualité du signal des ceintures peut induire en erreur ;

- en ne prenant pas en compte les apnées du sommeil secondaires à une hyperventilation de reprise ventilatoire après des apnées obstructives, ni celles secondaires à un éveil ;

La deuxième étape consiste à réaliser les gaz du sang pour distinguer les SAS centraux hypercapniques versus normo/hypocapniques.

Enfin, il faut mener une enquête étiologique, c’est-à-dire connaitre l’histoire clinique du patient, avoir TOUJOURS une mesure de la FEVG évaluée par échocardiographie de même que fonction systolique et diastolique, et réaliser une IRM cérébrale (même si inutile dans 9 cas sur 10).

Chez un patient avec SAS central en l’absence d’IC à FEVG altérée sous ventilation auto-asservie, la surveillance relève du bon sens. Elle suppose la vérification du traitement de l’efficacité clinique et sur le SAS, d’être attentif à la survenue d’un événement cardiovasculaire et de refaire une échocardiographie au moindre doute ou événement intercurrent. Il faut avant tout s’assurer que le patient avec une FEVG préservée au moment de l’appareillage ne va pas basculer dans FEVG altérée au fil de son histoire.

 

A retenir en cas de SAS (fréquent chez l’insuffisant cardiaque)

- la VSA contre-indiquée dans IC à FEVG diminuée ≤ 45 % ;

- le traitement est en fonction du type de SAS et de l’IC ;

Devant un SAS central : procéder à une enquête étiologique et échocardiographique (avec mesure FEVG)

Dans le suivi d’un SAS central (ou non) : le suivi de la fonction cardiaque est essentiel.

 

Le Pr Marie-Pia d’Ortho a déclaré les liens d’intérêts suivants (comme investigateur, membre de comité scientifique, ou récipiendaire d’honoraires) : Philips-Respironics, ResMed, AirLiquide, ADEP, Bioproject, Céphalon, UCB, Orkyn’, IPSEN, Vitalaire.

 

REFERENCES :

  1. Cowie MR, Woehrle H, Wegscheider K et al. Adaptive Servo-Ventilation for Central Sleep Apnea in Systolic Heart Failure. NEJM, September 1, 2015 DOI: 10.1056/NEJMoa1506459

  2. SERVE-HF© : quelle conduite à tenir dans la suite immédiate des premiers . Communiqué commun SFMRS et Groupe Sommeil SPLF, 19 mai 2015.

  3. D’ortho-Jarreau MP. SAS et insuffisance cardiaque. CPLF. 30/01/16

  4. Priou P, d’Ortho MP, Damy T, Davy JM et al. La ventilation auto-asservie : quelle place dans le traitement du syndrome d’apnées du sommeil central ? Avis d’experts. Rev Mal Respir, Vol 32, Issue 10, December 2015, Pages 1072–1081

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