Durham, Etats-Unis – Lors d’une biopsie du sein, les femmes qui écoutent un enregistrement de méditation guidée ou la musique de leur choix, sortent de l’intervention moins anxieuses et moins fatiguées que les femmes qui ont simplement pu parler avec l’équipe de soins.
Ces résultats publiés dans le Journal de l’American College of Radiology [1] ont été obtenus chez 121 femmes, qui, pour commencer, ont donné leur consentement éclairé. Cet aspect, toujours important, est en outre potentiellement signifiant ici, puisqu’il est concevable qu’une certaine capacité, ou qualité d’écoute ait été sélectionnée.
Ces femmes ont donc été randomisées en 3 groupes : écoute d’un enregistrement guidant une méditation durant la biopsie, écoute de morceaux de musique choisis, ou prise en charge standard, c’est-à-dire échanges verbaux avec l’équipe de soins.
On note que le service de radiologie interventionnelle de la Duke University (Durham, Etats-Unis) qui a mené l’étude, est manifestement très impliqué dans le soutien psychologique aux patientes. Les radiologues, médecins, et techniciens sont donc formés à engager le dialogue, et attentifs à délivrer des messages positifs. En d’autres termes, la prise en charge dite « standard », qui sert de contrôle, se situe certainement à un niveau déjà élevé de qualité.
Le tiercé est : méditation > musique > dialogue
Juste avant et juste après l’intervention, les patientes ont évalué leur propre anxiété (State-Trait Anxiety Inventory Scale), leur fatigue (modified Functional Assessment of Chronic Illness Therapy-Fatigue), et la douleur ressentie lors de la biopsie (Brief Pain Inventory).
Résultat : sur l’anxiété, la médiation et la musique ont significativement plus d’effet que l’échange de paroles avec l’équipe de soins. De même pour la fatigue : elle est plus importante après biopsie qu’avant dans le groupe « soins standard », alors qu’elle diminue dans le groupe « méditation » et dans le groupe « musique ».
Enfin, s’agissant de la douleur ressentie en cours de biopsie, elle est significativement moins importante dans le groupe méditation que dans les deux autres groupes.
Un fait curieux mérite par ailleurs d’être relevé : la communication entre radiologue et patiente, évaluée à la fin de l’intervention (modified Questionnaire on the Quality of Physician–Patient Interaction), obtient les mêmes scores d’un groupe à l’autre, comme si une sorte de mieux-être dans les groupes méditation et musique venait compenser des échanges certainement moins soutenus avec l’équipe soignante que dans le groupe standard. En tout cas, comme le soulignent les auteurs, la communication entre patiente et radiologue « n’est pas compromise » par la diffusion d’une bande-son pertinente.
Les auteurs concluent en rappelant que la réalisation de biopsies en hôpital de jour, exclut les sédations IV lourdes. La musique ou la méditation, interventions simples, peu coûteuses et radicalement dépourvues d’effet secondaire, se prêtent donc particulièrement bien au contexte. Par comparaison, les anxiolytiques ou l’hypnose, qui ont également été évalués dans l’indication – et également avec succès – sont un peu plus complexes à mettre en œuvre.
Par ailleurs, ce qui vaut pour une biopsie du sein vaut aussi, très vraisemblablement, pour un certain nombre de situations anxiogènes et potentiellement douloureuses : depuis les biopsies du foie ou de la prostate, à l’IRM chez un sujet claustrophobe, en passant par l’angiographie.
L’équipe de la Duke University annonce son intention de reproduire maintenant ses résultats dans un contexte multicentrique.
La méditation comme préoccupation médicale : un marqueur de l’époque La méditation ? Certains parlent de nouvel horizon de la conscience, d’autres de nouvel opium du peuple. Quoi qu’il en soit, le thème ne s’est jamais aussi bien porté. Une recherche rapide des publications répertoriées sur PubMed par le mot-clé « meditation », permet de sortir 3832 références. Le profil de l’histogramme représentant le nombre annuel de publications est également intéressant – tant il pouvait être attendu. Jusqu’en 1974, l’EEG est quasi-plat : 2 publications en 1955, 2 aussi en 1965. Après le premier choc pétrolier, on assiste à une première vague (30 publications en 1975). Comme chacun sait, les années 80 ont un arrière-goût de retour de bâton, et l’engouement stagne (24 publications en 1985). Le véritable décollage ne commence en fait que dans la seconde moitié des années 90 (37 publications en 1995). Les motivations ne sont pas nécessairement les mêmes que celles du flower power des années 70. Mais cette fois, la pente est forte et continue : 111 publications en 2005, 386 en 2015, et déjà 75 depuis le début de l’année 2016. |
REFERENCE :
Soo MS, Jarosz JA, Wren AA et coll. Imaging-Guided Core-Needle Breast Biopsy: Impact of Meditation and Music Interventions on Patient Anxiety, Pain, and Fatigue . J Am Coll Radiol. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.jacr.2015.12.004
Citer cet article: Vincent Bargoin. Méditer ou écouter de la musique lors d’une biopsie de sein - Medscape - 22 févr 2016.
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