Croissance de l'hippocampe de 2%
Les effets du sport sur les structures cérébrales ont été mis en évidence dans plusieurs études. Des travaux conduits par une équipe américaine ont notamment exploré les répercussions sur la substance grise [2]. Pour cela, 60 volontaires ont été invités à pratiquer une marche sportive de 40 minutes, trois jours par semaine, pendant six mois.
Après ce programme, un examen par IRM a révélé, une augmentation du volume de l'hippocampe de 2%, par rapport à celui enregistré au début de l'étude, associée à une amélioration de la mémoire. Cette croissance s'est accompagnée d'une hausse du taux sérique de BDNF.
« D'autres études ont montré, en plus de la croissance de l'hippocampe, une augmentation du volume du cortex préfrontal, ainsi que du corps calleux ». Ce dernier assure la connexion entre les deux hémisphères cérébraux, « ce qui suggère une meilleure interconnexion entre les régions du cerveau », a souligné le Pr Chrétien.
L'activité sportive a montré un intérêt dans plusieurs maladies neurologiques, dont la maladie d'Alzheimer. « Des patients atteints de cette maladie ont ainsi pu voir leurs fonctions mnésiques et exécutives s'améliorer, après quelques mois d'exercice physique pratiqués quotidiennement. »
Résistance au stress
A côté de ces effets sur le long terme, le sport a aussi des répercussions neurophysiologiques plus immédiates. Il agit notamment sur la tolérance au stress, qui a des effets néfastes sur le système nerveux central, en induisant, lorsqu'il survient de manière répétée, la mort des neurones.
« L'exercice physique permet de renforcer la tolérance du système nerveux au cortisol, davantage produit pendant l'effort, ce qui assure plus tard une meilleure réaction à un état de stress », celui-ci induisant également une production accrue du cortisol.
Enfin, les bénéfices du sport ne peuvent être évoqués sans mentionner l'effet relaxant et euphorisant qu'il procure, tant vanté par les sportifs. Un effet qui implique plusieurs molécules endogènes psychoactives.
Selon le Pr Chrétien, « la phényléthylamine, une amphétamine endogène, atteint un niveau près de deux fois supérieure à la normale avec des exercices modérés. C'est un euphorisant majeur, qui a probablement un effet antidépresseur ».
Autre molécule synthétisée pendant l'effort: la fameuse béta-endorphine, un neuropeptide opioïde, qui provoque un état de bien-être et participe aux mécanismes antidouleur. Elle agit en complément des cannabinoïdes endogènes, qui participent également à l'effet euphorisant.
« La production d'endorphine est plus importante pendant des exercices modérés, que lors de la pratique sportive à un niveau intensif », note le neuropathologiste. « Elle est probablement liée à la dépendance au sport. »
REFERENCES :
1. F Chrétien, Les effets neurobiologiques de l’activité physique, 14ème congrès de l'Encéphale, 20 janvier 2016, Paris
2. K Erichson, MW Voss, RS Prakash, Exercise training increases size of hippocampus and improves memory, 15 fév 2015, 011 Feb 15;108(7):3017-22
Citer cet article: Vincent Richeux. Les effets du sport sur le cerveau décryptés - Medscape - 11 févr 2016.
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