Paris, France – « Les bénéfices de l'activité sportive sur le système nerveux central ne se limitent pas à la régulation des troubles de l'humeur. Il s’agit aussi d’un bon moyen d'améliorer les capacités cognitives de ses patients, en stimulant notamment la neurogenèse », a indiqué le Pr Fabrice Chrétien (Anatomie et cytologie pathologiques, Centre hospitalier Sainte-Anne, Paris) lors d'une intervention au congrès de l’Encéphale 2016 [1].
En raison de son effet antidépresseur désormais reconnu, « l'exercice physique régulier, pratiqué à une intensité modérée, peut être proposé comme thérapie adjuvante dans le traitement des troubles de l'humeur », a rappelé le neuropathologiste.
« L’exercice physique a la même efficacité qu'une psychothérapie et peut renforcer celle des traitements pharmacologiques. Il a aussi l'avantage de réduire le risque de rechute après une prise en charge par antidépresseurs. »
Libération de facteurs neurotrophiques
Si l'exercice physique agit sur l'humeur, c'est en partie grâce à l'activation de la voie de signalisation du facteur neurotrophique issu du cerveau (Brain-Derived Neurotrophic Factor-BDNF), dont la production est renforcée lors de l'effort physique, explique le Pr Chrétien.
« Cette hormone peptidique contribue à améliorer les fonctions cognitives, l'humeur et les capacités mnésiques ». Le BDNF agit en stimulant la croissance et la différentiation des neurones, en particulier au niveau de l'hippocampe, une structure impliquée dans la mémoire.
« Il a aussi l'avantage de favoriser la formation de nouvelles connexions synaptiques entre les neurones ». Autre effet non négligeable: le BDNF joue un rôle « très significatif » dans l'amélioration de la plasticité cérébrale.
Facteurs de croissance de l’endothélium vasculaire
L'exercice physique induit également une synthèse accrue du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF). « Dans le muscle au repos, environ 20% du réseau capillaire n'est pas perfusé. En sollicitant ce réseau, l'activité physique stimule la production de VEGF, qui assure le maintien des capillaires, tout en favorisant la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins », précise le Pr Chrétien.
Ces effets périphériques du VEGF ont les mêmes répercussions au niveau du cerveau. « En contribuant également à la formation de nouveaux vaisseaux dans le système nerveux central, le VEGF améliore la perfusion de zones cérébrales et contribue, par conséquent, à la neurogenèse ».
Troisième molécule en jeu: l'IGF-1 (Insulin-like Growth Factor-1). Là encore, la production de ce peptide est accentuée pendant l'effort physique. Or, « il a un rôle fondamental dans la croissance tissulaire et est impliqué dans le maintien des neurones ».
Citer cet article: Vincent Richeux. Les effets du sport sur le cerveau décryptés - Medscape - 11 févr 2016.
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