Les personnes bipolaires partagent en effet une hyperactivité émotionnelle et au stress, une hypersensibilité, une anxiété associée et des symptômes dépressifs résiduels. Souvent l’attention est perturbée et beaucoup de patients se plaignent de ne pas pouvoir vivre l’instant du fait de la crainte de la récidive. La plupart du temps, elles ne savent pas se poser, n’ont pas de cadre de vie qui les incite à le faire et enfin, elles manquent de bienveillance par rapport à elles-mêmes. Autant de caractéristiques qui constituent des cibles thérapeutiques et où la pleine conscience trouve sa place à côté des autres mesures psychothérapeutiques.
Prise en charge holistique du trouble bipolaire Le trouble bipolaire est un trouble de l’humeur qui présente de multiples facettes et de multiples causes. Sa grande diversité nécessite de personnaliser la prise en charge qui nécessite par ailleurs une vision holistique tenant compte de tous les déterminants de la pathologie : - le traitement médicamenteux reste la base de tout – le lithium étant la thérapeutique de référence ; - les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ; - l’IPSRT (psychothérapie interpersonnelle et étude des rythmes sociaux) - la psychoéducation ; - la MBCT-MBSR. |
Quelques prérequis
Aujourd’hui, deux méthodes ont été développées (voir encadré plus haut) : d’une part, la MBSR et d’autre part, la MBCT dont s’est inspiré Thilo Deckersbach pour proposer, en 2014, un programme de Mindfulness à l’attention des patients bipolaires. Le Dr Gay en propose, lui, un nouveau (qui a recours à la MBSR et la MBCT) et qui comporte 8 séances de 2 heures, une journée complète, et des séances de rappel. Chaque séance est inaugurée par 15/20 minutes de pratique de postures de yoga (asana), suivi de 10 minutes de pratique du contrôle de la respiration (prânâyâma) et de 15 à 20 minutes de méditation guidée. Le temps restant est consacré aux partages d’expérience.
Suivre cette méthode nécessite quelques prérequis :
- être informé sur la psycho-éducation ;
- être en capacité de participer à un groupe ;
- être en phase inter-critique de la maladie ;
- et pouvoir pratiquer régulièrement.
En proposant un programme de psychoéducation – mieux connaitre son trouble – suivi d’un guide pour apprendre à utiliser la méditation – accéder à des moments de pause, réduire son niveau d’anxiété et contrôler ses émotions –, l’ouvrage tout juste paru vient en support de cette approche [2].
Un complément de prise en charge à adapter à chacun
Convaincus de l’aide que peut apporter cette pratique, les auteurs reconnaissent toutefois des limites à ce programme. Il restera notamment à l'évaluer. A ce jour, « il se base sur notre ressenti et nos expériences, témoigne le Dr Gay. C’est un complément de prise en charge avec possibilité de l’adapter à chacun ».
« Pourquoi se priver d’une approche qui fait du bien et améliore considérablement la qualité de vie des personnes, a-t-il conclu. Le fait de pouvoir injecter de la bienveillance, c’est immense. De même que mieux gérer ses émotions quand on sait que les rechutes – fréquentes dans cette pathologie chronique – sont très liées à la réactivité émotionnelle et aux situations de stress extrêmes ».

REFERENCES :
Gay C. Intérêt de la pleine conscience (MBCT) dans la prévention des rechutes. Congrès de l’Encéphale 2016.
Beacco S, Gay C. Mieux contrôler mon trouble bipolaire avec la mindfulness, 2016. Dunod, 240p, 22 €.
Vargas de Francqueville A. La méditation de pleine conscience : application clinique en médecine générale. Revue de la littérature. Thèse pour le diplôme d’état de docteur en médecine, spécialité médecine générale. 11 septembre 2014.
Weber B, Jermann F, Gex-Fabry M et al. Mindfulness-based cognitive therapy for bipolar disorder: a feasibility trial. Eur Psychiatry 2010 Oct;25(6):334-7.
Citer cet article: Stéphanie Lavaud. La méditation de pleine conscience pour les patients bipolaires - Medscape - 10 févr 2016.
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