Risque lipidique dans la maladie coronaire : le régime a t-il encore une place?

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

4 février 2016

En France, « on consomme toujours autant de graisse saturées depuis 1985, et en excès, sans que cela pose de problème » mais ce modèle ne prévaut pas partout. Ainsi en Finlande, où la prévalence des maladies cardiovasculaires était très élevée, « les autorités ont cassé l’industrie laitière et recasé les agriculteurs ». Cette mesure a porté ses fruits mais il ne faudrait pas imaginer imposer ce type de mesure à des pays dont les habitudes alimentaires ne sont pas assorties des mêmes conséquences, explique le Pr Ferrières.

Le paradoxe français : bientôt deux siècles d’âge

On essaye de singer l’industrie pharmaceutique, et on n’y arrivera pas -- Pr Ferrières

Le paradoxe français est chose ancienne. La première publication « moderne » à son propos remonte à 1981, avec l’observation par le Pr Pierre Ducimetière, que la France échappe au gradient Nord-Sud pour la prévalence des maladies coronaires. Autre papier important, celui publié en 1995 par des équipes de Toulouse et de Belfast sous le titre : « Autres pays, autres cœurs? Dietary patterns, risk factors and ischaemic heart disease in Belfast and Toulouse » [2]. Toutefois, bien avant tout cela, mention semble avoir été faite d’une différence de prévalence de l’angine de poitrine entre la France et l’Irlande par le Dr Samuel Black en … 1819 [3].

La morale de l’histoire serait donc : gardons ce que nous savons faire depuis longtemps. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la diète alimentaire. La manie, largement importée, consistant à isoler, peser et soupeser chaque nutriment, conduit manifestement à beaucoup d’erreurs. « On essaye de singer l’industrie pharmaceutique, et on n’y arrivera pas », résume le Pr Ferrières. Preuve supplémentaire que l’alimentation n’est pas fatalement une porte d’entrée vers le médicament, mais bien une alternative. Au demeurant, sur les statines, on s’écharpe, alors que sur le régime méditerranéen, tout le monde est d’accord.

Le Pr Ferrières déclare des liens d’intérêt avec Amgen, MSD, Sanofi, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim.

REFERENCES :

  1. Ferrières J. Faut-il encore prescrire un régime ? Session : « Nouvelle gestion du risque lipidique dans la maladie coronaire ». 26èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie. Paris, 14 janvier 2016.

  2. Evans AE, Ruidavets J-B, McCrum EE, Cambou J-P, McClean R, Douste-Blazy P, et al. Autres pays, autres coeurs? Dietary patterns, risk factors and ischaemic heart disease in Belfast and Toulouse . Q J Med. 1995;88:469–477.

  3. Evans A. The French paradox and others ecological fallacies. Int J of Epidemiol. 2011;40:1486-89.

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