Risque lipidique dans la maladie coronaire : le régime a t-il encore une place?

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

4 février 2016

Paris, France – En matière d’hypercholestérolémie, on parle beaucoup de médicaments, en l’occurrence de statines et maintenant d’anti-PCSK9 mais bien peu de régime. Lors d’une session des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC) 2016 consacrée à la « gestion du risque lipidique dans la maladie coronaire », le Pr Jean Ferrières (CHU de Toulouse) devait répondre à la question : « Faut-il encore prescrire un régime ? »

Question en apparence saugrenue, puisque comme le stipulent les recommandations et les RCP des hypocholestérolémiants en prévention primaire, « tout traitement médicamenteux ne doit être débuté que lorsque les mesures hygiéno-diététiques x 3 mois ne suffisent pas à la diminution du taux de cholestérol. »

Des recommandations de l’Afssaps datant de 2005
Le seul texte officiel français auquel peuvent se référer les médecins pour prescrire un régime aux patients dyslipidémiques, remonte à … 2005 ( AFSSAPS 2005). Les recommandations plus récentes ont, elles, disparu pour cause de liens d’intérêt non déclarés des auteurs.

On trouve néanmoins un Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments relatif à l’actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras , daté de mars 2010,ainsi qu’une Actualisation des Apports Nutritionnels Conseillés pour les acides gras (version de mai 2011, intégrant un erratum, mais signé initialement en 2010). Du côté de l’Agence Nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail, on trouve également un rapport publié en 2015 sur les Apports en acides gras de la population vivant en France, et comparaison avec les apports nutritionnels conseillés définis en 2010 .

Enfin, au niveau européen, l’European Society of Cardiology a publié en 2011 des recommandations sur les dyslipidémies , et en 2012, des recommandations sur la prévention CV .

Interrogé par Medscape sur le manque de recommandation récente sur la prise en charge des dyslipidémies en France, le Dr Boris Hansel (CHU Bichat, Paris) souligne que « les différentes recommandations sont à peu près consensuelles, même si l’on peut toujours discuter certains détails. »

Principales composante du régime du dyslipidémique

Les principales composantes du régime sont les suivantes :

- Limitation de l’apport en acides gras saturés (graisses d’origine animale), au profit des acides gras mono ou poly-insaturés ;

-Augmentation de la consommation en acides gras poly-insaturés oméga 3 (poissons) ;

-Augmentation de la consommation de fibres et de micronutriments naturellement présents dans les fruits, légumes et produits céréaliers ;

-limitation du cholestérol alimentaire, voire utilisation d’aliments enrichis en stérols végétaux ;

-Limitation de la consommation d’alcool.

« Naturellement, les recommandations émanant de société savantes n’ont pas la même valeur légale que des recommandations officielles nationales », ajoute le Dr Hansel. « Mais la question ne se pose pas dans les mêmes termes que pour les médicaments. S’il est si difficile de faire des recommandations pour le traitement médicamenteux en prévention primaire, c’est parce que le seuil d’instauration est lui-même très difficile à déterminer, en prenant en compte le coût et les effets secondaires. Mais il s’agit là d’un problème indépendant de celui de la diététique. Au demeurant, le traitement ne suspend pas la diète, qu’il faut poursuivre, d’abord pour le cholestérol, ensuite pour ses effets pléïotropes », insiste le Dr Hansel.

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