Paris, France-- Lors d’une session consacrée au trouble de la personnalité borderline (TPB) présentée au congrès de l’Encéphale 2016, le Dr David Gourion (psychiatre, hôpital Sainte-Anne, Paris) a expliqué pourquoi la prise en charge du TPB, aussi appelé, « état limite », était particulièrement difficile [1]. Il a insisté sur l’importance de maintenir un lien avec les patients en dépit des difficultés rencontrées.
Pour le psychiatre, l’hétérogénéité des présentations cliniques d’une part mais aussi les troubles de l’attachement très spécifiques à cette pathologie sont au cœur du problème.
Les troubles de l'attachement couvrent un ensemble de problèmes de comportements adaptatifs qui s'observent fréquemment chez les enfants qui n'ont pas reçu réponses à leurs besoins de protection et les soins nécessaires à leur assurer un sentiment de sécurité pendant les premières années de leur vie : abandons, maltraitance, maternage insuffisant ou excessif, figure d’attachement régulièrement instable, indisponible… |
« C’est un vrai trouble, il faut le prendre en charge même si c’est difficile. Le paradoxe est que le patient souffrant de trouble de la personnalité borderline demande de l’aide, souhaite être sauvé alors qu’au fond de lui, il pense que personne ne peut l’aider. Il s’attend à ce que vous, médecin, finissiez par être une mauvaise personne, à ce qu’encore une fois, il soit abandonné, déçu [comme il l’a été dans l’enfance]…», a commenté l’expert.
Trouble de la personnalité borderline : une présentation protéiforme
Le trouble de la personnalité borderline est caractérisé par une impulsivité majeure et une instabilité marquée des émotions, des relations interpersonnelles et de l'image de soi. Il est au moins aussi fréquent que les troubles bipolaires et fait partie des 3 pathologies psychiatriques à plus haut taux de suicide.
« Nous sommes dans un trouble qui est difficile à évaluer, à prendre en charge, relativement hétérogène et protéiforme dans sa présentation et dans son évolution », a précisé le Dr Gourion.
Les 5 principales dimensions du trouble sont :
-la désinhibition comportementale : risque suicidaire, comportement social inapproprié, perte des convenances ou de politesse, actes impulsifs, irréfléchis, voire imprudents … ;
-la dysrégulation/hyperréactivité émotionnelle :accès de colère ou crises clastiques tels la destruction ou le lancer d'objets, agressivité envers soi ou les autres, et menaces de se tuer;
-les troubles de l’attachement (très spécifiques, voir encadré) ;
-les troubles de l’identité :sentiment chronique de vide, sentiment d’être méchant, de ne pas savoir qui on est ;
-la perturbation cognitive, dans les formes sévères.
Il existe des facteurs de vulnérabilité mais aussi, des facteurs précipitant au moment de l’adolescence.
Citer cet article: Aude Lecrubier. Pourquoi est-il si difficile de prendre en charge les sujets « bordeline » ? - Medscape - 4 févr 2016.
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