Faut-il mettre tous les coronariens sous bêtabloquants?

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

2 février 2016

Paris, France - En l'absence de données évidentes sur le pronostic, « l'utilisation systématique de bêtabloquants chez les patients présentant une maladie coronaire stable, sans antécédent d'infarctus du myocarde, n'est pas recommandée », a affirmé le Pr Michel Slama (Hôpital Antoine-Béclère, AP-HP, Clamart) [1], lors d'une présentation aux Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC 2016).

Plusieurs études sont venues ébranler le dogme de la prescription systématique de bêtabloquants chez les patients souffrant d'une maladie coronarienne. Au cours de son intervention, le Pr Michel Slama a évoqué les possibles répercussions sur les habitudes de prescription, selon le type de coronaropathie.

Des recommandations déclassées

La plupart des recommandations concernant l'utilisation des bêtabloquants en phase aiguë de l'infarctus reposent sur des résultats d'étude largement antérieures au développement des techniques de reperfusion -- Pr Michel Slama

Pour les patients avec une dysfonction ventriculaire gauche, une insuffisance cardiaque liée à une maladie coronaire ou un syndrome coronaire aigu, il n'y a pas de remise en question des bénéfices des bêtabloquants. « Les données ne laissent pas de place au doute. Les recommandation sont très clairement en leur faveur », rappelle le Pr Slama.

En revanche, la prescription des bêtabloquants en post-infarctus chez les patients sans dysfonction ventriculaire est sérieusement remise en question, leur utilité étant contestée. Une situation qui a conduit, en Europe, à faire passer le niveau des recommandations de la classe I à la classe IIa. Le traitement n'est donc plus "recommandé", mais "devrait être "considéré" pour cette population, selon la terminologie de la classification.

« La plupart des recommandations concernant l'utilisation des bêtabloquants en phase aiguë de l'infarctus reposent sur des résultats d'étude largement antérieures au développement des techniques de reperfusion. D'où cette incertitude», souligne le Pr Slama.

"Revoir le rôle des bêtabloquants" en post-infarctus

Pour apporter un éclairage, une méta-analyse a été conduite en séparant les études évaluant les bêtabloquants menées avant et après l'apparition de la fibrinolyse ou de l'angioplastie [2]. Au total, 100 000 patients ont été inclus pour déterminer le bénéfique des bêtabloquants dans un contexte de reperfusion.

Les résultats ont montré qu'une utilisation de bêtabloquants conjointement à une reperfusion n'a pas d'effet sur la mortalité. Une diminution à court terme des récidives de l'infarctus et de l'angor a toutefois été observée, « au prix d'une augmentation des insuffisances cardiaques », a souligné le Pr Slama.

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