De quoi meurt-on aujourd’hui quand on a survécu à un infarctus ?

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

28 janvier 2016

Paris, France -- La mortalité à long terme observée chez les patients traités par angioplastie, après un infarctus du myocarde, est devenue majoritairement d'origine non-cardiovasculaire, a souligné le Pr Philippe Gabriel Steg, (Hôpital Bichat, AP-HP, Paris), lors d'une intervention aux Journées Européennes de la Société de Cardiologie (JESFC 2016) [1]. Un constat qui, selon lui, doit amener les cardiologues à opter pour une prise en charge plus généraliste.

 
Tout se joue lors de la prise en charge de la phase aiguë à l'hôpital -- Pr Philippe Gabriel Steg
 

En France, comme dans beaucoup de pays industrialisés, la mortalité liée à des événements coronariens a observé, en 15 ans, "une décroissance spectaculaire", a rappelé le Pr Steg. Une évolution due, en partie « aux techniques de réperfusion, ainsi qu'à l'utilisation de l'aspirine, de la bithérapie antiplaquettaire, des bêtabloquants ou encore des statines ».

« Tout se joue lors de la prise en charge de la phase aiguë à l'hôpital », pendant laquelle la mortalité reste très importante. Pour autant, « il faut rappeler que la majorité des décès surviennent après la sortie de l'hôpital », selon le cardiologue.

Mortalité globale de 40% à 10 ans

Pour déterminer les causes de mortalité à long terme chez les patients après la prise en charge d'un infarctus du myocarde, une étude scandinave a suivi, pendant une période médiane de 4,7 ans, une cohorte de 2 800 patients traités par angioplastie primaire.

 
A six ans, la mortalité d'origine cardiaque est égale à celle d'origine non cardiaque (13%).
 

Au cours du suivi, 717 patients sont décédés. « L'analyse des causes de mortalité montre, tout d'abord, que la courbe de mortalité globale atteint rapidement 8% dans les semaines qui suivent l'intervention. Son évolution est ensuite croissante pour atteindre un palier à 10 ans, à hauteur de 40% », commente le Pr Steg.

Lorsqu'on se focalise uniquement sur la mortalité d'origine cardiaque, son évolution apparait similaire, avec un taux atteignant presque 8% les premières semaines. La croissance est ensuite plus légère. A six ans, la mortalité d'origine cardiaque est égale à celle d'origine non cardiaque (13%).

Après 6 ans, la mortalité non cardiaque surpasse la mortalité cardiaque, pour atteindre, 10 ans après la reperfusion, un palier situé à 28% environ. Le taux de mortalité d'origine cardiaque se stabilise, quant à lui, à 18%, au bout de 10 ans.

Des mortalités inversées après 2003

En s'appuyant sur un registre de près 20 000 patients traités par angioplastie primaire entre 1996 et 2008 à la Mayo Clinic de Rochester (Etats-Unis), une autre étude vient apporter un éclairage sur l'évolution des causes de décès pour cette population [3].

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