Paris, France -- Lors d’une session consacrée à l’éthique intitulée « Traiter sans limites, une obstination raisonnable ? », le Dr Benoit Lattuca (cardiologue interventionnel, CHRU Nîmes, CHU Montpellier) a questionné l’intérêt des TAVI chez les patients nonagénaires [1].
Doit-on toujours proposer un remplacement de la valve aortique par voie percutanée chez les plus de 90 ans ?
Dans une population vieillissante, la question, déjà d’actualité, deviendra de plus en plus épineuse dans les années à venir.
« D’après les perspectives de l’OMS, on envisage 4 fois plus de patients d’au moins 80 ans d’ici 2050, soit près de 400 millions de personnes. Or, la prévalence du rétrécissement aortique augmente avec l’âge, souligne le Dr Lattuca. »
Les pour et les contre
Plusieurs raisons incitent à utiliser les TAVI chez les plus de 90 ans :
- les patients sont souvent à très haut risque chirurgical ou inopérables. Ils rentrent donc dans l’indication des TAVI ;
- la procédure est devenue relativement sure ;
- l’étude de Schwartz et coll. en 1982 a montré que sans traitement, la mortalité à 3 ans était de 80% chez les patients d’âge avancé [2];
- plusieurs études ont montré de bons résultats du TAVI chez des patients de plus de 90 ans, aussi bien en termes de mortalité, de morbidité, que de qualité de vie [3-6].
Toutefois, l’orateur a souligné que les indications du TAVI ne devaient pas se décider uniquement par défaut: « patients qui ne peuvent avoir une chirurgie ». Et, il a rappelé que le simple fait de pouvoir pratiquer relativement « facilement » un TAVI ne devait pas poser son indication ; le remède pouvant s’avérer pire que le mal.
Que disent les recommandations ?
Les recommandations, qu’elles soient européennes ou françaises n’apportent pas de réel éclairage sur la question de l’âge. « A aucun moment, il n’est vraiment fait mention d’âge », souligne l’orateur. Les textes stipulent toutefois qu’« une espérance de vie inférieure à 1 an, compte tenu de facteurs extracardiaques (comorbidités) » rend inéligible aux TAVI.
Citer cet article: Aude Lecrubier. TAVI après 90 ans : réelle avancée ou obstination déraisonnable ? - Medscape - 26 janv 2016.
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