Quand les projections en santé manquent leur cible : courrier des lecteurs

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

15 janvier 2016

Lèpre : la poly chimiothérapie guérit-elle vraiment les patients ?

Dr. Yohannes Negesse. Médecin anatomo-pathologiste, CHU de Pointe à Pitre/Abymes, Guadeloupe.

« La maladie de Hansen (lèpre) constitue un flop médical colossal touchant des millions de patients. On nous dit que « la poly chimiothérapie (PCT) guérit la lèpre car elle tue les bactéries et arrête la transmission de la maladie ». Cette approche en termes de « médecine collective » définit donc la notion de « cure » et de « guérison » par la « non-contagiosité ». Cependant, dans cette maladie où le « germe n'est rien et la réceptivité de l'hôte est tout », nous voyons toutes les complications de la maladie chez des patients soi-disant guéris, car les phénomènes immunopathologiques se manifestent après le traitement. Mais cela ne semble pas émouvoir les partisans de la médecine collective. »

Le Dr Negesse a travaillé 2 ans en Ethiopie dans deux institutions essentiellement dédiées à la maladie de Hansen et aux infections à mycobactéries ( All Africa Leprosy Training Center/ALERT et Armaur Hansen Research Institute/AHRI, Addis Abeba).

Croire que le numerus clausus réduirait la demande de soin

Dr Jean-Pierre Martin. Oncologue médical retraité, 35 ans d’activité libérale à Lyon.

« Je décerne le flop d'honneur pour la gestion de la démographie médicale ex aequo avec celui que l'on accordera à la gestion de la formation des futurs médecins.

Tout commence avec le numerus clausus puisque l'idée dominante, il y a donc maintenant plus de 40 ans, était de considérer qu'en réduisant l'offre de soins on réduirait la demande.

A l'époque peu de voix se sont élevées contre ces mesures. Certains proposaient même de reconvertir 20 000 médecins vers d'autres professions !

N'est-il pas permis de penser que les représentants de l'Ordre et des syndicats de l'époque n'y avaient vu que ce dont ils pouvaient en tirer bénéfice : moins on est nombreux pour se partager le gâteau, plus les parts seront grosses…

Cette politique de réduction des acteurs de santé avait été appliquée notamment pour les infirmières et on se souvient de l'époque où il fallait les faire venir d'Espagne du fait de la pénurie liée à la réduction de la formation.

On doit reconnaître que depuis quelques années un lent mouvement de progression du numerus clausus se produit et que les réticences se font maintenant sentir au niveau de l'université qui ne se dit pas capable de pouvoir assumer plus d'étudiants.

Une solution serait de sortir de la formation médicale la première année de sélection comme cela est le cas pour les écoles d'ingénieurs ou les écoles vétérinaires.

Cette démarche en cohérence avec ce qui est fait dans de nombreux pays imposerait une totale réorganisation au sein des facultés de médecine qui verraient sans doute d'un mauvais œil l'idée de perdre les dotations ministérielles qui leur sont accordées pour ces milliers d'étudiants dont une faible minorité pourra réellement s'engager vers les études médicales. »

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