Paris, France – Marisol Touraine, inspirée par le rapport de Sandrine Hurel, vient de proposer un plan d’actions quant à la nouvelle politique vaccinale. Un débat public organisé cette année devrait trancher la question de l’obligation de certaines vaccinations.
Couvertures vaccinales insuffisantes
C’est au début de l’année 2015 que Manuel Valls, Premier ministre, comme pour trouver des solutions au scepticisme des Français face à la vaccination, avait commandé un rapport à la députée Sandrine Hurel sur une nouvelle politique de vaccination [1].
Car l’inquiétude des pouvoirs publics est fondée. Les exemples de défiance des Français vis-à-vis des vaccins sont légion (voir encadré ci-dessous).
Un scepticisme croissant Au cours des toutes dernières années, la réticence des Français vis-à-vis des vaccins n’a cessé de grandir. L’assurance maladie l’a encore prouvé, en tirant un bilan de la campagne de vaccination anti-grippale 2014. Cette année-là, sur plus de 10 millions de Français invités à se faire vacciner, seuls 46,1% d’entre eux sont passés à l’acte, soit 4909140 personnes. Un recul de 2,8 points par rapport à 2013. Parallèlement, la pétition du Pr Henri Joyeux, pour l’approvisionnement et le retour du DT Polio simple sans aluminium, contre la vaccination par le vaccin hexavalent DTPolio-Hib-Coqueluche-Hépatite B, a recueilli la signature de plus de 700 000 personnes. Enfin, symptôme de cette peur du vaccin, un couple de Bourguignons a été condamné le 7 janvier dernier à deux mois de prison avec sursis pour avoir refusé de faire vacciner ses enfants contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), un vaccin obligatoire en France. |
C’est dans pareil contexte que Sandrine Hurel a donc rendu son rapport ce 12 janvier. Dans la lettre de mission que lui avait adressée Manuel Valls, il est rappelé que la France s’est dotée d’un programme national d’amélioration de la politique vaccinale 2012-2017, inopérant puisque « les couvertures vaccinales enregistrées en France sont insuffisantes », rappelle le Premier ministre. Évoquant les préconisations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), qui conseillait entre autres de supprimer les obligations de vaccination, Manuel Valls suggérait à Sandrine Hurel plusieurs pistes d’approfondissement : suites à donner aux suggestions du HCSP, propositions pour améliorer la vaccination des Français.
Différence d’impact entre vaccins recommandés et obligatoires
Dans son rapport, Sandrine Hurel dresse un premier constat : la différentiation entre
-vaccins recommandés
Coqueluche, rubéole, rougeole, oreillons, infections invasives à haemophilus influenzae de type B, à pneumocoque, à méningocoque C, hépatites B, Infection à papillomavirus humains (HPV)) |
Et
-vaccins obligatoires
Diphtérie, tétanos, poliomyélite |
n’est plus pertinente, et « relève d’un contexte historique ».
Résultat : on constate des différences d’impact épidémiologique des couvertures vaccinales, selon que le vaccin est obligatoire ou pas. Ainsi, la politique vaccinale obligatoire pour la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos chez l’enfant est efficace. Elle l’est beaucoup moins pour les infections invasives à méningocoques, la rougeole et la rubéole, la grippe et l’hépatite B, dont le vaccin n’est que recommandé.
Citer cet article: Jean-Bernard Gervais. 3 axes et 1 concertation pour relancer la vaccination en berne - Medscape - 21 janv 2016.
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