Saint Louis, Etats-Unis — Souffrir de dépression entre 3 et 6 ans affecte le développement de la matière grise au début de l’adolescence, selon une étude longitudinale menée chez 193 enfants.
D’après les résultats publiés dans l’édition en ligne du JAMA Psychiatry du 16 décembre, le nombre de symptômes dépressifs est corrélé à la réduction de la taille de la matière grise [1].
« Les résultats montrent qu’une dépression chez le jeune enfant a un impact physique sur la façon dont le cerveau grandit et se développe », explique l’auteur principal de l’étude, le Dr Joan L. Luby (Service de psychiatrie, Université de médecine de Washington, Saint Louis, Etats-Unis) à l’édition internationale de Medscape.
« Ces données indiquent que nous ne devrions plus passer à côté de la dépression précoce chez l’enfant, ni nous abstenir de traiter. »
Perte de matière grise et maladies psychiatriques Au cours de la vie, alors que le volume de la matière blanche croit de façon linéaire, le développement de la matière grise suit une courbe en U inversée. Une forte neurogénèse et une augmentation de volume de la matière grise sont observées pendant l’enfance et atteignent un pic à l’adolescence. S’en suivent un élagage synaptique et une myélinisation qui mènent à une perte de volume et d’épaisseur de la matière grise. Précédemment, des études transversales ont montré que l’épaisseur corticale était associée à l’humeur et aux fonctions exécutives. En outre, une perte de matière grise accélérée a été observée chez des adolescents schizophrènes et bipolaires. Enfin, plusieurs études transversales ont montré que les adultes dépressifs avaient, eux aussi, une perte de matière grise. L’étude du Dr Luby et coll. met en lumière cette association chez les jeunes ayant souffert de dépression étant enfants. « La notion selon laquelle le taux de déclin de la matière grise pourrait varier en fonction de l’expérience de chacun est d’un intérêt majeur en termes de santé publique », selon les auteurs. |
Trois examens d’imagerie dans le temps
Dans cette étude, les chercheurs ont enrôlé 193 enfants, âgés de 3 à 6 ans, vivant dans la région de St Louis. Ils ont réalisé des évaluations comportementales et de neuro-imagerie entre septembre 2003 et décembre 2014 (jusqu’à 11 ans de suivi).
Les évaluations comportementales ont eu lieu avant ou au moment de la première imagerie et ont consisté en des entretiens avec les parents et les enfants ( Preschool Age Psychiatric Assessment [PAPA] et Child and Adolescent Psychiatric Assessment [CAPA]).
En tout, 116 enfants ont réalisé trois IRM pré-programmées entre le début de l’école primaire et le début de l’adolescence.
Il s’agit de la première étude à rapporter les évolutions du développement de la matière grise à trois instants plutôt que par un seul examen.
Citer cet article: Aude Lecrubier. La dépression entre 3 et 6 ans impacte le développement neuronal à l’adolescence - Medscape - 12 janv 2016.
Commenter