On note au passage qu’une telle validation médicale est pour le moment largement un veux pieux. Le Dr Claire Bouleti (Hôpital Bichat, Paris) signale à ce propos que sur les 150 meilleures applications médicales classées par le site français dmd-sante.com (qui s’efforce de classer et de labelliser les applications et les objets connectés destinés à la santé), « moins d’un quart ont été élaborées avec un professionnel de santé ». En d’autres termes, avec ou sans les médecins, le secteur se développera. Et il vaudrait mieux que ce soit avec.
Le meilleur dispositif du monde est inefficace s’il est mal utilisé
Troisièmement, avec l’insuffisance cardiaque, la cardiologie dispose d’un terrain d’application a priori « idéal » pour la télésurveillance. En bref, l’insuffisance cardiaque, « c’est « 800 000 patients en France, une mortalité supérieure à celle du cancer, une qualité de vie inférieure à celle des dialysés », résume le Dr Patrick Jourdain (CH de Pontoise). Et surtout, « chez la moitié des patients, des signes cliniques apparaissant 7 à 10 jours avant le passage aux urgences », rappelle-t-il.
Avec des instruments aussi simples qu’une balance connectée, il semble possible de prévenir un certain nombre de décompensations, « à condition que l’objet connecté soit effectivement utilisé », note le Dr Jourdain, qui plaide en faveur d’une « autonomisation du patient » propre à transformer la relation soignant/soigné.
Sur le strict plan de l’efficacité, l’approche reste à valider. L’étude allemande OptiLink-HF ( Optimization of Heart Failure Management using OptiVol Fluid Status Monitoring and CareLink ), présentée lors du dernier congrès de European Society of Cardiology 2015, s’était révélée négative – alors même que la télésurveillance portait sur le paramètre le plus directement en cause dans les réhospitalisations : la quantité de liquide dans la poitrine, mesurée par un capteur d’impédance. Avec un suivi de 23 mois, la mesure et la télétransmission des résultats n’avait pas permis de réduire les hospitalisations et les décès par rapport au suivi clinique classique.
Problème : dans 24% des cas, l’alerte dûment émise n’avait pas, pour diverses raisons, été transmise au médecin. En outre, sur l’ensemble des alertes effectivement transmises, 15% n’ont donné lieu à aucune réaction (ajustement thérapeutique, consultation immédiate,…). En d’autres termes, un système sophistiqué, mal utilisé, s’est révélé inefficace.
« Quand c’est utilisé, ça marche », affirme le Dr Jourdain. Et il est évident que là où les séniors – aussi bien patients que médecins – sont peu performants aujourd’hui, les choses sont déjà en train de changer avec les trentenaires.
REFERENCE :
Conférence de presse de la Société Française de cardiologie, 7 janvier 2016.
Voir le programme des JESFC 2016.
Citer cet article: Vincent Bargoin. Journées européennes de la SFC : la cardiologie connectée en fil conducteur - Medscape - 11 janv 2016.
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