ZDoggMD, le médecin rappeur déjanté qui enflamme le Web

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

31 décembre 2015

 

Zubin Damania

New-York, Etats-Unis – Medscape l’a découvert à l’automne avec EHR State of Mind, une parodie samplée sur succès de JayZ [1], qui dénonçait avec humour et talent, l’informatisation à outrance de la médecine. Mais le rappeur ZDoggMD n’en est pas à son coup d’essai, ce vrai médecin – qui a étudié à Stanford – mène de front depuis quelques années une double carrière. Showman, quand ce fan de musique et de comédie fait passer des messages de santé publique – sur des sujets qui n’ont souvent rien de comique – en empruntant la gestuelle et les tics de langage du gangsta rap dans des vidéos hautes en couleur. Mais pas seulement. Car derrière le trublion se cache Zubin Damania un médecin plein d’humanité et attaché aux relations humaines qui a décidé de faire de la médecine autrement en lançant à Las Vegas une maison de santé originale qui fait la part belle à la prévention et à la multidisciplinarité. TEDMEX, la fondation créée pour diffuser des « idées qui valent la peine d'être diffusées », ne s’y est d’ailleurs pas trompé et l’a invité en 2013 [2]. Fan, le Dr Eric Topol, rédacteur en chef de Medscape l’a interviewé pour l’édition internationale du site [3]. Séduits par sa personnalité hors norme, nous traduisons ici l’essentiel de leur échange avec des liens vers les vidéos (potaches et déjantées) parmi les plus représentatives de son art .

Traiter (de) la médecine sous forme de parodie musicale

Dr Topol: L’essentiel de ce que vous faites (quand ce n’est pas de la médecine) baigne dans la musique. Quel est votre background musical ? D’où cela vient-il ?

Dr Zubin Damania: J’ai toujours eu ce côté histrion, mélodramatique, théatral. J’ai toujours aimé être au centre de l’attention. Quand j’étais jeune je jouais de la guitare électrique avec l’intention un peu vaine d’avoir plus de succès auprès des filles. Mais je ne travaillais pas du tout (la guitare) et j’avais peu de talent. Je suis allé à Berkeley et su que je voulais faire médecine, mais j’aimais aussi la musique et en particulier Weird Al Yankovic. Aussi étrange que cela puisse paraitre, c’était mon héros. J’ai fini par étudier la musique en mode mineur et la biologie moléculaire en mode majeur. Côté musique, je me suis mis à la batterie, à la guitare et j’ai étudié le solfège. Pour ce qui est de la biomol, je suis devenu pote avec un mec qui apportait sa propre chaise pour la mettre au premier rang de l’amphi – c’est dire le degré de compétitivité en première année de médecine à Berkeley.

Dr Topol: Vous choisissez à chaque fois des chanteurs à la mode, de Katy Perry à Jay Z en passant par Kanye. Vous aimez tous ces trucs, n’est-ce pas ?

Dr Damania: J’adore la musique, au grand désespoir de ma femme, parce que dans la voiture, je peux tout chanter depuis Garth Brooks jusqu’à Ice Cube, et ce n’est pas toujours très réussi. Il n’y a aucune chanson qui ne puisse être parodiée. Aucune.

Dr Topol: Même la musique country ?

Dr Damania: J’ai repris un morceau de Garth Brooks, "Friends in Low Places," qui est devenu "Friends With Low Platelets". Je m’attendais juste à ce que ce soit sympa, mais les mères de gamins atteints de thrombocytopénie immune et d’autres troubles de la coagulation m’ont envoyé des e-mails pour me dire que pour la première fois leurs enfants avaient l’équivalent d’un hymne qu’ils pouvaient chanter à l’école. Je me suis dit, c’est chouette.

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