Canada, France-- D’après une étude qui a fait beaucoup de bruit…l’exposition aux antidépresseurs pendant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse serait associée à une augmentation de 87% du risque de développer des troubles du spectre autistique chez les enfants [1].

Dr Elisabeth Elefant
Un résultat qui semble, à première vue, très impressionnant mais qui demande à être relativiser en raison du risque absolu qui reste faible et des nombreux biais de cette étude de registres, selon le Dr Elisabeth Elefant (responsable du Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT), hôpital Trousseau, Paris).
Interrogée par Medscape France, la pédiatre pharmacologue nous explique ce que l’on peut réellement tirer de cette étude.
Rappel de l’étude A partir des grossesses répertoriées dans la Province de Québec entre janvier 1998 et décembre 2009, le Pr Anick Bérard et coll. (Université de Montréal, Canada) ont analysé les risques d’autisme chez les enfants nés vivants en fonction ou non d’une éventuelle exposition in-utero aux antidépresseurs (selon les données de remboursement de l’assurance maladie du Québec). Parmi les 145 456 enfants issus de grossesses simples inclus dans l’étude, un diagnostic de trouble du spectre autistique a été posé pour 0,72 pourcent d’entre eux. Or, ce taux montait à 1,2% lorsque les femmes avaient reçu des prescriptions d’antidépresseurs pendant les trimestres 2 et 3 de leur grossesse, soit une augmentation du risque relatif de 87% (RR=2,17 avec les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). En revanche, aucune association n’a été observée lorsque les prescriptions concernaient le premier trimestre de grossesse et l’année précédant la conception. Les résultats sont publiés sur le site du JAMA Pediatrics. |
Medscape : Pourquoi cette multiplication des études sur l’autisme ?
Elisabeth Elefant : Depuis quelques années, nous avons constaté que l’autisme augmentait dans certains pays. Dans les pays scandinaves, par exemple, on estime que 5 enfants sur 1000 (5/1000) étaient autistes en 1980 versus un enfant sur 88 (1/88) en 2008. Cette progression importante est le résultat d’une augmentation réelle de l’incidence de la maladie et de l’élargissement de la définition de l’autisme au fil du temps. Nous ne parlons d’ailleurs plus d’autisme mais de troubles du spectre autistique. Les causes potentielles de cette croissance sont recherchées de façon très active. Toutes les pistes sont étudiées : génétiques, épigénétiques, environnementales, post-natales, prénatales... En toute logique, tout ce qui est relatif au prénatal et qui concerne la mise en place du cerveau des enfants est questionné.
Citer cet article: Aude Lecrubier. Antidépresseurs in utero et autisme : attention aux effets d’annonce ! - Medscape - 22 déc 2015.
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