Statines : ce qu’en disent les médias déteint sur l’observance

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

18 décembre 2015

Dans les bases de données danoises, connues pour couvrir l’ensemble de la population du pays, 674.900 personnes, âgées de 40 ans ou plus, ont été identifiées pour avoir reçu une première ordonnance de statine entre 1995 et 2010.

La variable d’intérêt était le renouvellement, ou non, de cette première ordonnance dans les 6 mois. Les paramètres testées pour leur éventuel impact sur cette variable étaient la dose de statine, les antécédents de maladie cardiovasculaire ou de diabète, l’année calendaire, le statut socio-démographique, et enfin, la publication durant la même période, d’informations défavorables aux statines dans les médias danois grand public.

En matière de médias aussi, les danois disposent, depuis 1990, d’une base de données réputée exhaustive pour les journaux et magazines, les émissions TV et radio, les sites internet danois et les dépêches d’agence. Les informations publiées depuis le 1 janvier 1995 ont donc pu être recherchées à partir de l’association des mots clés « statine », « cholestérol » et « médecine ». Un total de 1931 papiers ou transcriptions ont été obtenus, et classés comme « neutre » (1090), « positif » (731), ou « négatif » (110).

On note que ce classement a été effectué par un seul auteur. Le papier de l’EHJ précise toutefois que le second auteur a été consulté pour les cas jugés litigieux. La proportion de ces cas n’est cependant pas, elle, précisée. C’est dommage : en ces temps de press-bashing, il aurait été intéressant de savoir combien de journalistes sont en fait plus nuancés et réfléchis qu’il n’y parait.

Enfin, l’exposition aux informations négatives sur les statines a été déterminée à partir des articles ou émissions négatifs diffusés dans les 6 mois suivant la prescription initiale (des informations négatives ont été publiées en 1995, 1996, 2001, 2004, puis chaque année de 2006 à 2010). Pour le calcul de l’impact en population, chaque article ou émission a été pondéré par un coefficient de diffusion (tirage des journaux ou taux d’écoute des émissions radio et TV). L’exposition à des informations positives a été déterminée de la même manière.

Corrélation entre mauvaise presse des statines et interruptions de traitement

Premier constat : la proportion de personnes de 40 ans ou plus se voyant prescrire une statine au Danemark, est passée de 1% en 1995 à 11% en 2010. L’interruption précoce du traitement, c’est-à-dire le non-renouvellement dans les 6 mois d’une première prescription portant sur moins de 120 comprimés de statine, a été observé chez 91500 personnes, soit 14% de l’effectif.

Ce taux de non-renouvellement n’est pas stable dans le temps puisqu’il passe de 6% en 1995 à 18% en 2010. Les auteurs signalent que le nombre d’articles ou émissions consacrés aux statines est, lui, passé de 30 en 1995 à 400 en 2009.

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