Gliptines : une méta-analyse montre un faible risque de pancréatite

Aude Lecrubier, Miriam E. Tucker

Auteurs et déclarations

11 décembre 2015

Vancouver, Canada — Il existe un risque faible mais significatif de pancréatite aiguë avec les inhibiteurs de la dipeptyl peptidase-4 (DPP-4) ou « gliptines », selon une nouvelle méta-analyse des trois principaux essais cliniques sur cette classe d’antidiabétiques.

En revanche, les données colligées sont rassurantes sur les hospitalisations pour insuffisance cardiaque, la fonction rénale et le risque de cancer du pancréas sur une période d’au moins 3 ans, d’après les résultats présentés par le Dr Rury R. Holman (Directeur de l’unité des essais cliniques sur le diabète à l’université d’Oxford, Royaume-Uni) lors du World Diabetes Congress 2015 [1].

La méta-analyse collige les données des essais TECOS (Trial Evaluating cardiovascular Outcomes with Sitagliptin), SAVOR-TIMI 53 (Saxagliptin Assessment of Vascular Outcomes Recorded in Patients with Diabetes Mellitus) et EXAMINE (Examination of Cardiovascular Outcomes with Alogliptine versus Standard of Care in Patients with Type 2 Diabetes Mellitus and Acute Coronary Syndrome).

Pancréatites : un risque faible mais bien réel

Les inquiétudes concernant la toxicité pancréatique des gliptines remontent à 2009, avec la publication d’une alerte sur la sitagliptine (Januvia®, Merck & Co) par la Food and Drug administration (FDA).

Mais, alors que 4 ans plus tard, le British Medical Journal accuse l’industrie pharmaceutique de minimiser la toxicité des incrétines (agonistes de GLP-1 et inhibiteurs de DPP-4), une analyse des risques menée par les National Institute of Health (NIH) ne confirme pas les inquiétudes.

Dans chacun des trois grands essais, TECOS, SAVOR-TIMI et EXAMINE, le nombre de patients atteints de pancréatite aiguë est supérieur dans le groupe traité par rapport au groupe placebo mais sans que les différences n’atteignent une significativité statistique. En revanche, les données combinées donnent un risque relatif significatif de 1,578 (p=0,033), selon le Dr Holman.

Il précise, toutefois que le risque absolu est faible.

Dans TECOS, les taux de pancréatites sont de 0,3% (n=23) chez les 7332 patients recevant la sitagliptine versus 0,2% (n=12) chez les 7339 patients recevant un placebo.

 
C’est un événement rare mais, si vous avez un patient qui a des facteurs de risque de pancréatites, vous serez probablement plus prudent -- Dr Rury R. Holman
 

Toutefois, les 4 cas de pancréatite sévère sont survenus chez les patients qui ont reçu la sitagliptine.

L’expert souligne que les données sont similaires avec la saxagliptine (Onglyza®, Bristol-Myers Squibb/AstraZeneca) et l’alogliptine ( Nesina®, Takeda Pharmaceuticals) dans les deux autres essais.

« Les données suggèrent qu’il existe un faible sur-risque de pancréatites aiguës avec les inhibiteurs de DPP-4. C’est un événement rare mais, si vous avez un patient qui a des facteurs de risque de pancréatites, vous serez probablement plus prudent », commente le Dr Holman pour l’édition internationale de Medscape.

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