Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue
Le répit aura été de courte durée. Alors que l’OMS confirmait l’absence de nouveaux cas d’Ebola en Afrique en octobre 2015, trois cas étaient déclarés fin novembre par le Libéria, chez un adolescent de 15 ans qui a contaminé son père et son jeune frère.
A ce jour quelques 150 sujets contacts ont été identifiés, dont une dizaine de soignants.
Selon toute vraisemblance, ces nouveaux cas africains sont liés à la persistance du virus chez des personnes infectées, et cliniquement guéries.
Le phénomène a déjà été observé à deux reprises. Le cas le plus connu est celui de l’infirmière britannique qui avait développé la maladie fin 2014, et qui a rechuté en octobre 2015, avec isolement du virus dans le LCR. Après plus d’un mois d’isolement strict, elle est aujourd’hui guérie de ce second épisode.
La première réactivation a, elle, été authentifiée dans l’œil d’un patient, sorti lui aussi guéri d’un premier épisode.
La persistance du virus dans le sperme avait été identifiée dès le début de l’épidémie. Mais avec le recul, on sait maintenant qu’il peut persister occasionnellement pendant plusieurs mois après guérison clinique, notamment dans le lait maternel.
La charge virale persistante semble très faible. On ne peut toutefois pas exclure totalement une résurgence de foyers dans les pays qui ont été frappés.
« Heureusement, la communauté médicale est dorénavant beaucoup mieux préparée pour répondre à une reprise épidémique », souligne le Pr Perronne.
La procédure de prise en charge, et les mesures d’isolement sont aujourd’hui rodées. On dispose d’antiviraux efficaces dans certaines situations. La sérothérapie avec du sérum de patient convalescent peut également être efficace. Enfin, plusieurs vaccins sont en cours d’expérimentation, et les premiers résultats montrent que la vaccination en anneau autour des cas permet d’accélérer le recul de la maladie.
Reste qu’aujourd’hui encore, face à un patient fébrile, de retour d’un pays à risque, Guinée-Conakry, Sierra Leone et Liberia, il faut penser à Ebola.
Citer cet article: Ebola : inquiétude autour des résurgences - Medscape - 11 déc 2015.
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