
Dr Raphaëlle Renard Penna
Paris, France -- A l’occasion du 109ème congrès français d’urologie, le Dr Raphaëlle Renard Penna, radiologue (Pitié-Salpêtrière, Paris), a exposé la place fondamentale de l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) dans la surveillance active (SA) du cancer de la prostate [1].
La surveillance active concerne 15% des cancers de la prostate
Le dépistage du cancer de prostate a considérablement augmenté le diagnostic des cancers à faible risque, entrainant une sur-détection de lésions potentiellement non significatives. « Beaucoup de patients vont mourir avec leur cancer de prostate plutôt que de leur cancer de prostate » a rappelé le Dr Raphaëlle Renard Penna. En effet, ce cancer existe sous plusieurs formes, certaines peu évolutives, indolentes alors que d’autres sont, à l’inverse, très agressives, avec un risque d’évolution péjoratif. Pour les patients atteints d’un cancer de bon pronostic, il est raisonnable d’éviter les sur-traitements, d’où le concept de «surveillance active» (voir encadré). Cette option de traitement s’est beaucoup développée au cours des dernières années, elle concernerait environ 15% de l’ensemble des patients avec un diagnostic de cancer de la prostate, soit 30 à 40% de cancers classés à faible risque, a considéré le Pr Michel Soulié, urologue (Hôpital Rangueil, Toulouse).
Les biopsies ont des limites
La surveillance active (SA) nécessite une sélection et une surveillance rigoureuse des patients. Les patients candidats doivent être demandeurs et avoir une tumeur cliniquement localisée et à faible risque de progression. Les critères actuels sont basés essentiellement sur des données cliniques (âge des patients, toucher rectal), biologiques (taux de PSA) et sur les données des biopsies prostatiques.
Ces dernières consistent en 12 prélèvements à des endroits différents de la prostate et permettent d’évaluer à la fois l’agressivité des cellules tumorales et le volume de la (ou les) tumeur(s) et de calculer le score de Gleason. « Les biopsies sont un outil remarquable mais elles ont leurs limites » pondère la radiologue. La principale étant leur réalisation « un peu à l’aveugle ». Même bien réalisés, les prélèvements peuvent très bien passer à côté d’une lésion et sous-estimer le volume de la tumeur et son agressivité. Sur le plan du suivi, la réalisation annuelle de biopsies est un examen douloureux, invasif, traumatisant pour les tissus et qui comporte des risques de complications (1 à 2% d’infections).
« Cartographie » du cancer à l’intérieur de la prostate
D’où l’intérêt de l’IRM, technique qui s'est largement répandue depuis les années 2000. « Sa performance est excellente depuis 2010 avec une valeur prédictive négative > 90% » s’enthousiasme le Dr Renard Penna. L’IRM peut non seulement avoir une valeur anatomique permettant de déterminer la localisation précise de la tumeur et sa taille (séquences morphologiques T2), mais aussi être fonctionnelle (séquences fonctionnelles de perfusion et de diffusion) et évaluer certaines caractéristiques des cellules tumorales, prédictives du risque de dissémination.
« En autorisant la détection, la localisation, le volume, le fonctionnement et l’agressivité tumorale, l’IRM établit une sorte de « cartographie » du cancer à l’intérieur de la prostate, explique la radiologue. Néanmoins, si en matière de diagnostic, seule l’IRM apporte des informations précieuses, elle ne remplace pas le toucher rectal et le PSA ».
Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Cancer de la prostate : l’IRM, élément-clé de la surveillance active - Medscape - 27 nov 2015.
Commenter