Orlando, Etats-Unis – Chez des hypertendus américains non diabétiques, le traitement de l’hypertension (HTA) avec une cible de 120 mm Hg de pression artérielle systolique (PAS), se solde par une réduction de 25% du risque relatif d’évènements CV, une réduction de 43% de la mortalité CV et de 27% de la mortalité générale, par rapport à la cible de 140 mm Hg. Ces résultats de l’essai SPRINT (Systolic Blood Pressure Intervention Trial) viennent d’être présentés au congrès de l’American Heart Association (AHA) 2015, et publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine [1,2].
Considéré comme l’essai majeur de ce congrès, SPRINT avait déjà été annoncé comme positif par son promoteur, le National Heart, Lung and Blood Institute (NHLBI) après que le comité de surveillance ait recommandé l’interruption (le 20 août 2015), après 3 ans de suivi d’une étude prévue pour en durer 5. Ce qui n’était pas encore connu, c’est l’ampleur du bénéfice, ainsi que les effets secondaires associés à une cible tensionnelle aussi drastique : hypotension, syncope, insuffisance rénale aiguë.
Dès le premier communiqué du NHLBI, la rumeur a enflé sur une nécessaire et rapide révision des recommandations. En fait de quoi, le principal auteur, le Dr Jackson T Wright (Case Western Reserve University, Cleveland, Etats-Unis) a parfaitement résumé les choses auprès de l’édition internationale de Medscape : « au final, les responsables des soins vont devoir décider si ces effets secondaires sont tolérables ».
Du côté du NEJM, on sort le grand jeu : à la publication de SPRINT sont associés deux éditoriaux, une perspective, et un cas clinique.
La tonalité générale est toutefois à la prudence. L’un des deux éditoriaux, signé par les reviewers de l’article, défend surtout le travail de relecture effectué avant publication des résultats. Le NHLBI avait en effet été critiqué pour n’avoir pas publié immédiatement tous les résultats en septembre, dès l’interruption de l’essai [3].
« Cet essai va changer les pratiques, nous sommes fiers de le publier, et de défendre le principe de la relecture par les pairs […]. Le rapport est maintenant dans le domaine public, et l’interprétation des données, l’analyse et la discussion clinique sont ouvertes à l’examen et aux commentaires ».
L’autre éditorial, signé par les Drs Anthony Rodgers et Vlado Perkovic (George Institute for Global Health, University of Sydney, Australie) reflète une certaine circonspection [4]. « Clairement, nos concepts actuels sur l’HTA sont insuffisants pour déterminer qui bénéficie d’une baisse tensionnelle, et jusqu’où aller dans cette réduction ».
Enfin la « Perspective », signée par le Dr Aram V. Chobanian (Boston University, Etats-Unis), rappelle que « les résultats de SPRINT ne sont pas applicables aux patients diabétiques, ni aux patients présentant un antécédent d’AVC, ni aux patients institutionnalisés, tous exclus de l’étude », et conclut en fait non sur le traitement de l’HTA, mais sur la nécessité de renforcer sa prévention : « la prévention de l’HTA peut être un succès, mais demandera un effort national très large, et un fort soutien politique » [5].
Citer cet article: Vincent Bargoin. SPRINT : réduction de 27% de la mortalité générale avec une cible de PAS à 120 mm Hg - Medscape - 10 nov 2015.
Commenter