Paris, France -- Après le clip pour remonter le moral des médecins et redorer le blason de la profession, l’Ordre des Médecins propose désormais une grande consultation sur Internet pour faire mieux connaissance avec les praticiens français. Le but de cette opération : proposer à partir de l’analyse du point de vue des médecins sur la Santé en France des pistes de réforme du système de soins à l’occasion de la « grande conférence santé » programmée en janvier 2016.
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins complétera cette consultation par une enquête menée auprès du grand public « en miroir des attentes des professionnels sur le rôle et la place du médecin dans la société et les attentes du public sur le système de santé ».
Cette initiative qui a pour but de faire remonter le ressenti de la « base » sur l’évolution du système de santé est une réponse bien tardive à la Loi de Santé. Sera-t-elle prise en compte ? Elle permettra au moins à l’Ordre de mieux connaître ses médecins et de mieux comprendre leurs attentes.
Tous les médecins conviés
Medscape.fr a répondu au questionnaire ligne qui est accessible jusqu’au 6 novembre à tous les médecins qui possèdent un numéro RPPS, « quel que soient leur mode d’exercice et leur spécialité » et vous en détaille le contenu.
Après des renseignements sur l’âge, le sexe, le type d’activité et l’éventuelle représentation ordinale ou représentative des médecins, le questionnaire débute par une analyse de la situation professionnelle : équilibre, sécurité au travail, charge de travail, rémunération, mode de rémunération, organisation de votre travail, possibilités d’évolution.
Vient ensuite une analyse détaillée des relations professionnelles avec l’ordre, les pouvoirs publics, l’Assurance Maladie, les URPS, les syndicats, l’ARS, la hiérarchie, les confrères, les patients.
Enthousiasme, fierté, attachement, déception lassitude, rejet… ?
Les différentes composantes de l’activité quotidienne sont notées avec une échelle de 1 à 10 : rapports avec les patients, coopérations entre les professionnels de santé, avec les autres médecins, l’hôpital…L’avis du médecin est sollicité sur la médecine scolaire, la médecine de travail, les études médicales.
L’appréciation globale de la profession est ensuite analysée : enthousiasme, fierté, attachement, déception lassitude, rejet.
Suivent des affirmations sur la profession auxquelles le médecin doit proposer un degré d’accord ou de désaccord : « j’encouragerai un jeune personne à devenir médecin, je suis fier d’appartenir à la professions, si c’était à refaire je referai, je suis heureux d’être médecin ».
L’Ordre cherche ensuite à savoir si le médecin se reconnaît dans des assertions répandues dans l’opinion publique médicale : la mission de service public est mal reconnue, l’exercice médical est soumis à la recherche constante de rentabilité, l’exercice plus dur qu’il y a 10 ans, le risque médicolégal pèse fortement, il n’y a plus de solidarité les médecins sont isolés, le médecin subit trop de contraintes administratives économiques réglementaires.
Avenir professionnel : êtes-vous optimiste ou pessimiste ?
L’opinion du médecin sur le système de santé est ensuite détaillé : depuis 10 ans, il s’est amélioré, détérioré ou n’a pas évolué, il est ou non performant, efficace, équitable, de qualité, satisfaisant pour la profession et pour les patients.
L’évolution de la protection sociale, de l’offre de soins, de l’articulation avec l’Assurance Maladie et les complémentaires est aussi détaillée.
On demande au médecin si le système doit être conservé en l’état, adapté en faisant des réformes ou réformé en profondeur.
L’Ordre cherche ensuite à savoir si le médecin est optimiste ou pessimiste pour son avenir professionnel. S’il se déclare pessimiste, un espace d’écriture libre lui permet de détailler les raisons de son pessimisme.
Préparer la santé de demain
La dernière partie du questionnaire détaille les actions possibles pour faire évoluer le système.
Avant tout, on demande au médecin s’il estime qu’à l’avenir, le système de soin doit privilégier le plateau technique et les équipements ou bien la proximité des soins, l’exercice individuel ou bien l’exercice de groupe, la pratique libérale pure ou bien les coopérations entre le libéral et l’hôpital. L’instauration d’une part de rémunération sur objectifs en libéral et en hospitalier est aussi évoquée.
Une dizaines d’options de réformes sont proposées et le médecin doit y choisir celles qui lui semblent les plus prioritaires : intégrer le numérique à l’organisation des soins, structurer le parcours de soins entre la ville et l’hôpital, rééquilibrer les pouvoirs entre l’Assurance Maladie et les pouvoirs publics ou les médecins, augmenter le temps médical en réduisant la complexité administrative, définir la place respective de l’Assurance Maladie et des complémentaires, favoriser les coopérations interprofessionnelles, lutter contre les inégalités territoriales d’accès aux soins, associer les médecins hospitaliers à la gouvernance des groupements hospitaliers de territoires, associer les organisation professionnelles à la gouvernance nationale et territoriales.
Réformer les études médicales et l’installation
Enfin huit questions sur les études médicales et l’installation sont associées : faut-il mettre en adéquation la formation initiale des médecins avec la réalité des exercices professionnels ? Faut-il valoriser les acquis de l’expérience dans les carrières médicales ? Etes-vous favorable aux passerelles entre spécialités ? À un examen classant régional ? À une sélection sur d’autres critères que les matières scientifiques ? À un numérus clausus adapté au flux des médecins sortants ? À un conventionnement sélectif des médecins ? À une recertification périodique ?
REFERENCE :
Citer cet article: Dr Isabelle Catala. Satisfaction professionnelle et volonté de réforme : la grande consultation du CNOM - Medscape - 30 oct 2015.
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