Ménopause : la supplémentation en vitamine D n’apporte rien

Aude Lecrubier, Veronica Hackethal

Auteurs et déclarations

20 octobre 2015

Paris, France ― Supplémenter en vitamine D les femmes ménopausées, carencées mais non-ostéoporotiques, pendant un an n’apporte pas de bénéfice clinique que la dose soit élevée ou faible, selon un nouvel essai randomisé publié dans le JAMA Internal Medicine [1].

La supplémentation en vitamine D3, même à forte dose « a légèrement augmenté l’absorption calcique, mais, l’effet ne s’est pas traduit par des bénéfices sur la densité minérale osseuse (DMO), la fonction musculaire, la masse musculaire ou les chutes », commentent les auteurs de la publication, le Dr Karen Hansen (Université du Wisconsin, Madison, Etats-Unis) et coll.

Ces résultats incitent à questionner l’intérêt de la supplémentation en vitamine D, du moins sur une période d’un an, dans cette population. Ils appellent, également, à reconsidérer le seuil de 30 ng/mL généralement admis pour définir un déficit en vitamine D.

Ils interviennent après que deux récentes méta-analyses publiées dans le British Medical Journal ont remis en cause l’intérêt de la supplémentation calcique après 50 ans sur la DMO et le risque de fracture .

Un essai chez 230 femmes ménopausées, carencées en vitamine D, sans ostéoporose

Le nouvel essai a été mené dans un seul centre à Madison, dans le Wisconsin entre mai 2010 et juillet 2013. L’essai contrôlé, en double aveugle, a enrôlé 230 femmes ménopausées ou qui avaient subi une ovariectomie depuis au moins 5 ans, ou qui avaient subi une hystérectomie sans ovariectomie après 60 ans. Ces femmes, en grande majorité d’origine caucasienne (90%) n’avaient pas plus de 75 ans.

Les participantes n’avaient pas d’ostéoporose et un taux de 25-hydroxyvitamine D à l’entrée dans l’étude qui s’échelonnait de 14 à 27 ng/mL.

Les traitements anti-ostéoporotiques reçus dans les 6 derniers mois et les comorbidités qui pouvaient affecter l’absorption du calcium ou la santé osseuse, y compris le diabète, étaient des critères d’exclusion.

Les femmes ont été randomisées dans l’un des trois bras suivants :

-Faible dose en vitamine D : 800 UI de vitamine D3 par jour (pilule blanche) et pilules jaunes de placebo deux fois par mois (n=75) ;
-Forte dose de vitamine D : pilule blanche de placebo une fois par jour et pilules jaunes de vitamine D3 à 50 000 UI deux fois par mois (n=75) ;
-Placebo : pilule blanche de placebo tous les jours et pilules jaunes de placebo deux fois par mois (n=76).

En outre, les participantes ont reçu de la crème solaire pour minimiser les apports en vitamine D dus à l’exposition solaire. Et, celles qui ne consommaient pas assez de produits laitiers ont bénéficié de conseils spécifiques.

Aucun bénéfice clinique quelle que soit la dose de vitamine D

L'absorption fractionnelle du calcium a été mesurée par méthode isotopique et les taux de 25 (OH) D par chromatographie liquide haute performance.

La mobilité, la force musculaire, et le statut fonctionnel ont été appréciés par différents tests, notamment le Timed Up and Go qui évalue les transferts assis, debout, la marche et les changements de directions du patient, le questionnaire Stanford Health Assessment modifié, et le Physical Activity for the Elderly Scale (PASE).

La douleur, les chutes, les fractures et les hospitalisations étaient rapportées par les femmes, elles-mêmes.

L’adhésion au traitement a été de près de 100% pour toutes les participantes et toutes les femmes qui ont reçu les fortes doses en vitamine D ont maintenu des taux de 25-hydroxyvitamine D ≥ 30 ng/mL.

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