Vieillissement de la population et maladies chroniques : comment nos voisins maitrisent les dépenses de santé

Nadia Graradji et Dr Catherine Desmoulins

20 octobre 2015

Paris, France -Vieillissement démographique, explosion des maladies chroniques et difficultés d’accès aux soins : trois enjeux qui génèrent une forte augmentation des dépenses de santé en France comme ailleurs dans le monde (6% du PIB mondial en 2015 et 14% pronostiqués en 2060). La France fait-elle mieux ou moins bien que les pays étrangers ? Le cabinet Nexialog Consulting, avec le concours des étudiants de Science-Po, a réalisé une enquête auprès de 11 pays développés, confrontés aux mêmes défis [1].

Anticiper le « Bien-vieillir »: les meilleures recettes de nos voisins

Alors qu’en France le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement est en cours d’examen au Parlement et que Jean-Pierre Aquino vient de remettre un plan national d’action de prévention de la perte d’autonomie à Laurence Rossignol , Secrétaire d’Etat aux Personnes âgées, d’autres pays ont déjà largement anticipé les conséquences du vieillissement de la population.

C’est le cas notamment du Japon qui a mis en place des programmes d’accompagnement des seniors dès…1980 ! Ce pays où les plus de 65 ans représentent 25% de la population aujourd’hui (18,4% en France) et 40% en 2050 - multiplie les programmes en faveur du bien-manger, de l’activité physique et de la lutte contre l’alcool et le tabac. Objectif : maintenir les seniors indépendants et intégrés dans la société. Un système d’assurance parallèle finance les soins de longue durée et la dépendance. Des cotisations sont obligatoires entre 40 et 65 ans pour le salarié et les municipalités. Le reste à charge est de l’ordre de 10%.

Au Canada, priorité a été donnée, dès 2011, à la réduction du nombre de chutes des personnes âgées qui génèrent des coûts humains, hospitaliers et médico-économiques conséquents. Pour ce faire, un programme d’adaptation du logement avec les technologies et des systèmes de détection de chutes est mis en œuvre.

La lutte contre la sédentarité, facteur important de risque de perte d’autonomie et des maladies chroniques, est également un axe de réduction des dépenses de santé dans plusieurs pays. L’Allemagne a mis en place, depuis 2011, le « ticket santé » calqué sur le modèle du ticket restaurant. Ce ticket valable dans certains centres de santé permet à l’employeur de bénéficier d’incitations fiscales et de réduire le nombre d’arrêts maladie grâce à la pratique du sport. Par ailleurs, certaines entreprises telles que BMW ont mis en place des aménagements du poste de travail et conçu des espaces de détente pour conserver les seniors actifs dans l’entreprise.

Aux Etats-Unis, le programme américain Affordable Care Act permet, pour sa part, aux entreprises d’utiliser 30 % de leurs cotisations santé pour financer l’accès au sport et aux activités préventives des salariés.
La Suède se montre très active – et efficace – pour réduire la consommation de tabac et d’alcool avec une législation très rigoureuse. « Depuis 1992, le nombre de fumeurs a été divisé par deux (de 26% à 13% de la population) et la consommation d’alcool par habitant est relativement faible (7, 3 litres en 2012) », précise Virginie Degroote du cabinet Nexialog.

Permettre l’accès aux soins malgré les obstacles : délégations, E-santé et télémédecine

Face à la pénurie de médecins et aux manque de moyens, les solutions pour faciliter l’accès aux soins se multiplient.

Aux Etats-Unis, les acteurs de la grande distribution alimentaire et médicale, tels que CVS, ont mis en place, dès 2011, les Minutes Clinic, des centres de soins pour dispenser des soins rapides et des contrôles de routine effectués par des infirmiers spécialisés (consultation à 100 dollars au lieu de 170 dollars pour un médecin généraliste)

En Suède, la délégation de soins est déjà opérationnelle. Les infirmiers peuvent réaliser un certain nombre d’actes médicaux et prescrire certains médicaments.

Pour inciter les médecins étrangers (principalement cubains) à venir s’installer dans les zones désertées, le Brésil leur propose des conditions avantageuses (salaire de 3200 euros, prise en charge des frais de logement et d’alimentation) avec son programme « Mais Medicos ».

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