Quel apport pour les patients ?
Corinne Isnard Bagnis : Ce sont des pratiques difficiles à évaluer, mais de nombreux travaux ont montré des bénéfices en termes de stress, d’anxiété, de qualité de vie, de bien-être… On dispose aussi de quelques données sur la pression artérielle. Et tout l’aspect dépression a été bien documenté, il y a notamment cet essai clinique paru dans le Lancet au printemps dernier (voir notre article) qui a mis en exergue que l’utilisation des thérapies de pleine conscience pouvait faire jeu égal avec un traitement antidépresseur. C’est une dimension importante à prendre en compte car il y a beaucoup de dépressifs chez les patients souffrant d’une maladie chronique, et notamment quand il s’agit d’une maladie rénale.
La méditation de pleine conscience permet de travailler sur l’estime de soi, la confiance en soi, de se réapproprier son corps, de reprendre confiance dans ses propres sensations, d’exprimer de la bienveillance à l’égard de soi-même, de l’auto-empathie. En fait, c’est l’inverse de ce qu’on fait dans le système de santé actuel. Dans nos formations, les patients ré-apprennent que ce sont eux qui connaissent leur corps et leur maladie mieux que personne, qu’ils peuvent être des acteurs réels de terrain de leur prise en charge.
| Qu’est-ce que la méditation de pleine conscience ? La méditation de pleine conscience est un ensemble de pratiques dédiées à être plus présent à soi et au monde, tout le contraire du mode « pilotage automatique ». C’est une forme de méditation inspirée des traditions orientales ancestrales et qui sont aujourd’hui accessibles au monde occidental non sans avoir été débarrassées de leur contexte religieux ou spirituel [3]. Il s’agit de porter son attention, dans le cadre de différents types d’exercices, sur nos sensations physiques, sur le mouvement de nos pensées, sur le voyage de nos émotions sans vouloir y changer quelque chose ou les juger mais en recevant avec bienveillance ces signaux et en les observant. En pratique, la pleine conscience intègre de la méditation, des exercices de respiration, du yoga, des mouvements allongés ou debout en conscience, des exercices de balayage (ou scan) corporel. La méditation et ses différents outils ont pour but de gagner en calme et en énergie. Appliquées régulièrement, ces techniques permettent de réduire le stress et l'anxiété, d'atténuer les douleurs et de retrouver confiance en soi. |
Concrètement comment la pratique méditative peut-elle aider un patient avec une maladie des reins ?
Corinne Isnard Bagnis : La méditation de pleine conscience permet d’accepter le moment présent, avec ce qu’il y dans la vie, la maladie, le symptôme, le handicap, le deuil. Plus exactement, il s’agit d’être dans l’ouverture et l’accueil plus que dans l’acceptation. Des fondamentaux de la pratique méditative peuvent apporter de la confiance en soi et aident à se remotiver et à se reprendre en mains dans la maladie chronique. L'approche utilisée pour améliorer le vécu de la douleur physique ou morale repose sur une démarche différente de notre attitude spontanée qui consiste souvent à faire diversion. Nous portons au contraire notre attention à la douleur et c’est paradoxalement ce qui soulage. Par exemple, quand un patient est dans l’IRM ou le PET-scan, qu’il attend un résultat de dosage de la créatinine, il peut réutiliser des exercices où il s’agit d’être « là et maintenant » de façon à se défaire de la pression liée à l’attente. Et dans l’IRM de contrôle, le patient peut se dire « je respire et je fais un exercice de balayage corporel (passage du corps en revue des orteils au cuir chevelu pour y observer ses sensations) » et créer un espace plus vaste que son seul stress.
REFERENCES :
UPMC « RELATION DE SOIN ET GESTION DU STRESS » : Un diplôme UPMC pour développer le mieux-être au travail et améliorer la relation patient-soignant, communiqué de presse, 20/07/15
Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Gérer le stress et prévenir le burnout des soignants avec la pleine conscience : un nouveau DU - Medscape - 14 oct 2015.
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