Gérer le stress et prévenir le burnout des soignants avec la pleine conscience : un nouveau DU

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

14 octobre 2015

Paris, France – En cette rentrée 2015, l’université Pierre et Marie Curie (UPMC) propose un nouveau diplôme universitaire (DU) intitulé « Relation de soin et gestion du stress » à destination des professionnels de santé de toutes disciplines ayant en charge des patients atteints d’une maladie chronique [1]. Son objectif est double : améliorer simultanément la qualité de la relation patients-soignants et favoriser la prévention des risques psychosociaux (stress, « burn out » et dépression). Il répond en cela à une forte demande. La grande originalité de ce programme : intégrer des techniques de méditation de pleine conscience, telles que développées par Jon Kabat-Zinn. Ce projet qui s’inscrit au départ dans une démarche de recherche de mieux-être pour les patients s’étend désormais aux soignants et aux étudiants en médecine [1]. Explications du Pr Corinne Isnard Bagnis (néphrologue, Pitié-Salpétrière) qui est à l’initiative de ce DU.

Corinne Isnard Bagnis : parcours

Professeur de Néphrologie et codirectrice de l’Institut d’Education Thérapeutique, Corinne Isnard Bagnis pratique la méditation de pleine conscience et a réalisé sa formation comme instructeur MBSR à Boston au centre de formation créé par Jon Kabat-Zinn (Boston).

Elle anime depuis quatre ans un programme de méditation de pleine conscience pour les patients de son service à la Pitié-Salpêtrière (Paris) et a commencé à enseigner ces pratiques aux étudiants en médecine de sa faculté depuis 2014.

Elle conduit des recherches cliniques sur l’impact de la méditation de pleine conscience dans les maladies chroniques et a co-dirigé une étude clinique avec le Pr Patricia Dobkin de l’Université de McGill à l’automne 2014.

En 2015, elle conçoit le DU « Relation de soin et gestion du stress » (Paris 6) intégrant les techniques de méditation de pleine conscience, avec l’aide d’ Alexandre Duguet, vice doyen des études de médecine à l’UPMC et de Christophe André, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, tous deux co-responsables de l'enseignement.

Medscape : En quoi consiste ce nouveau DU et à qui s’adresse-t-il ?

Corinne Isnard Bagnis : L’enseignement universitaire « Relation de soin et gestion du stress » que nous avons lancé cette année propose aux soignants une évaluation du risque psycho social, du burn out, et un travail sur la relation de soin en s’appuyant sur la méditation de pleine conscience.

Pour suivre ce DU, il n’y a pas de prérequis de pratique méditative, il faut néanmoins avoir un diplôme de soignant. Une centaine d’heures de cours est proposée (bases neurophysiologiques de la méditation, applications potentiellement médicales, etc). Mais il n’y aura pas que cela, on parlera aussi de médecine narrative, des jeux de rôle seront organisés autour des difficultés de communication (annoncer un diagnostic, gérer un conflit au travail..) auxquels s’ajouteront 4 jours de pratique méditative. Le but de ce DU, c’est véritablement d’ouvrir des portes sur la possibilité d’aller mieux, de développer qualitativement la relation de soin et d’être capable d’orienter les patients vers ce type de pratiques – la méditation de pleine conscience – à bon escient.

Aujourd’hui, la DU accueille 45 inscrits dont la plupart ont exprimé des difficultés de gestion du stress (stress professionnel, arrêt pour burn-out..), ce qui a été l’occasion de me rendre compte que beaucoup de personnes étaient concernées et que rien ne leur était proposé…

Il n’existait jusqu’à présent qu’un seul diplôme universitaire dans un domaine assez proche le DU « Médecine, méditation et neurosciences », proposé par l’Université de Strasbourg mais plus centré sur les neurosciences et la méditation.

Les étudiants en médecine pourraient-ils eux aussi tirer profit de la pleine conscience ?

Corinne Isnard Bagnis : Oui, c’est pourquoi, en parallèle du DU, j’ai proposé un enseignement optionnel pour les étudiants en médecine(4 après-midis avec une dizaine d’étudiants de 4ème année), initiative encouragée et rendue possible par le vice-doyen des études de Paris 6, Alexandre Duguet. On est encore loin de ce qui se passe à l'Université McGill au Québec qui, sous la houlette de la psychologue Patricia Dobkin, a rendu obligatoire la formation en méditation de pleine conscience pour les étudiants en médecine de 3ème année. Néanmoins, c’est une première ouverture.

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