ACTUALISATION, 26 mai 2016 Londres, Royaume-Uni — Quelques mois après les Etats-Unis, l’association des deux immunothérapies nivolumab (Opdivo, Bristol-Myers Squibb) et ipilimumab (Yervoy, Bristol-Myers Squibb) est en passe de recevoir une autorisation de mise sur le marché européenne dans le traitement du mélanome non-résécable ou métastatique. Le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’agence européenne des médicaments a émis un avis favorable suite à l’analyse des données de l’essai de phase 3 CheckMate-067, de l’essai de phase 2 CheckMate-069 et de l’essai de phase 1b CA-209-004. AL. |
Mélanome : la FDA approuve la combinaison nivolumab ipilimumab
SilverSpring, Etats-Unis – La Food and Drug Administration (FDA) vient d’approuver la combinaison de nivolumab (Opdivo®, Bristol-Myers Squibb) et de l’ipilimumab (Yervoy®, BMS) pour le traitement des patients avec un mélanome métastatique ou non résécable, et porteur d’un gène BRAF de type sauvage V600 [1]. Une approbation saluée par Tim Turnham, directeur de la Fondation pour la recherche sur le mélanome (Melanoma Research Foundation) comme un « tournant » dans le traitement de ce cancer [2]
Immunothérapies : efficaces mais inabordables ? Aux Etats-Unis, comme en Europe, l’un et l’autre de ces traitements sont autorisés en monothérapie dans le mélanome au vu de leurs très bons résultats, mais des chercheurs et des scientifiques avaient supposé que l’association des deux pouvait faire encore mieux. Une hypothèse validée puisqu’une étude présentée à l’ASCO au printemps dernier avait montré une médiane de survie sans progression presque quadruplée par l’association de nivolumab et d’ipilimumab dans le mélanome de stade III ou IV (essai CheckMate 067). Ces résultats spectaculaires ne sont pas sans poser la question du coût des traitements, car si une immunothérapie coûte chère - « le prix de l’ipilimumab est environ 4000 fois plus élevé que celui de l’or » indiquait dernièrement le Dr Leonard Saltz –on imagine assez bien que celui d’une association d’immunothérapies devienne rapidement inabordable. |
Un risque de progression diminué de 60% avec la combinaison par rapport la monothérapie
L’autorisation accordée ici par les autorités américaines repose sur le triple résultat de la démonstration d’un taux de réponse objective augmenté, d’une durée de réponse prolongée, et d’une amélioration de la survie sans progression dans l’étude internationale multicentrique, randomisée en double aveugle CheckMate 069. Cet essai a inclus 142 patients qui recevaient, soit du nivolumab et de l’ipilimumab (n=95) ou de l’ipilimumab et un placebo (n=47).
Chez les patients avec un mélanome sauvage pour BRAF, le taux de réponse objective était significativement plus élevé avec la combinaison que sous monothérapie (60% vs 11%; P < 0,001) respectivement. La combinaison de traitement s’est aussi accompagnée de plus de réponses complètes que la monothérapie (17% vs 0%), et davantage de réponses partielles (43% vs 11%).
Le risque de progression a lui été diminué de 60% avec la combinaison par rapport la monothérapie (hazard ratio [HR], 0,40; P <0,002). Quant à la survie sans progression, elle a été de 8,9 mois avec les 2 monothérapies associées (IC95%, 7,0 - NA) et de 4,7 mois avec l’ipilimumab seul (95% CI, 2,8 – 5,3).
« Une étude qui montre donc qu’il y a bien un rationnel clinique à cibler le système immunitaire avec deux agents d’immunologiques dans le mélanome métastatique », selon le communiqué du laboratoire Bristol-Myers Squibb [3].
Mais aussi plus de toxicité
Comme attendu, la combinaison s’est avérée plus toxique en termes d’effets secondaires que la monothérapie, qu’il s’agisse des effets secondaires sévères (62% vs 39%), des effets secondaires ayant conduit à l’arrêt de l’étude (43% vs 11%) ou à un retard de doses (47% vs 22%), ou encore à des réactions de type 3 et 4 (69% vs 43%).
En outre, 25 des 94 patients (27%) du groupe recevant l’association de produits n’ont pas reçu l’ensemble des 4 cycles de traitement.
Les effets secondaires les plus fréquents qui ont conduit à l’arrêt du nivolumab, par comparaison à l’ipilimumab seul étaient les colites (16% vs 2%), les diarrhées non traitées par corticostéroïdes (4% vs 4%), des taux élevés d’alanine aminotransferase (ALT) (4% vs 0%), les pneumonies (3% vs 0%), et des taux augmentés d’aspartate aminotransferase (AST) (3% vs 0%).
Selon le Dr Manuel Rodrigues (oncologue médical, Institut Curie), une approbation européenne de la combinaison pourrait intervenir au printemps prochain.
REFERENCES :
FDA. Nivolumab in combination with ipilimumab, 01/10/2015
Melanoma Research Foundation. FDA Approves Opdivo and Yervoy Combination for Advanced Melanoma, 01/10/2015.
BMS. Bristol-Myers Squibb Receives Approval from the U.S. Food and Drug Administration for the Opdivo (nivolumab) + Yervoy (ipilimumab) Regimen in BRAF V600 Wild-Type Unresectable or Metastatic Melanoma, 01/10/2015.
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Mélanome : avis favorable de l’Europe pour l’association nivolumab ipilimumab - Medscape - 30 mai 2016.
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