Résultats « sans précédent » de l’anti-IL5, reslizumab sur les asthmes tardifs hyperéosinophiliques

Aude Lecrubier, Jim Kling

Auteurs et déclarations

7 octobre 2015

Amsterdam, Pays-Bas -- Chez les patients souffrants d'asthme hyperéosinophilique non-contrôlé d'apparition tardive, l'anticorps anti interleukine 5 (IL-5) reslizumab peut réduire les exacerbations de 75% comparé au placebo, selon une analyse des données de deux essais de phase 3 publiés initialement en février dans le Lancet [1] et présentés lors de l'édition 2015 du congrès international de l'European Respiratory Society (ERS) [2].

L'orateur, le Dr Guy Brusselle (hôpital universitaire de Ghent, Belgique) a qualifié ces résultats de « sans précédents », d’autant que « ce sont les asthmes d’apparition tardive, après 40 ans, qui bénéficient le plus du reslizumab en termes de réduction des exacerbations et d’amélioration du VEMS ».

Jusqu’ici, les essais cliniques évaluant les anticorps anti IL-5 (mepolizumab, reslizumab) ou anti-récepteur de l’IL-5 (benralizumab) dans les asthmes hyperéosinophiliques avaient été plutôt décevants.

Dans ces deux nouveaux essais randomisés, les participants souffraient d’un asthme modéré à sévère non-contrôlé par les corticoïdes. Les patients étaient âgés de 12 à 75 ans et étaient originaires de 128 centres en Asie, Amérique, Océanie et Europe.

En tout, 477 patients ont reçu le reslizumab et 476 patients ont reçu un placebo.

Pour 273 patients (130 dans le groupe placebo et 143 dans le groupe reslizumab), il s’agissait d’un asthme tardif, c’est-à-dire survenu après 40 ans.

Le critère primaire de l’étude portait sur le taux d’exacerbation.

Tous les patients ont présenté une meilleure réponse clinique sous reslizumab comparativement au placebo mais il existe une différence nette entre les asthmes tardifs et les autres avec une baisse du taux d'exacerbation de 75% pour les premiers contre seulement 42% pour les moins de 40 ans.

Réponse au reslizumab en fonction du diagnostic précoce ou tardif de l'asthme

Tout âge

Avant 40 ans

Après 40 ans

Fréquence des exacerbations (IC 95%)

0,46 (0,37 à 0,58)

0,58 (0,44 à 0,76)

0,25 (0,16 à 0,40)

Amélioration du VEMS avec le reslizumab vs placebo à 52 S (IC 95%)

110 mL (66 à 154)

88 mL (34 à 142)

167 mL (89 à 245)

Le Dr Brusselle explique ce bénéfice plus important chez les patients plus âgés en raison de mécanismes sous-jacent différents. Les asthmes hyperéosinophiliques d’apparition précoce ont tendance à être de nature allergique alors que ceux de survenue tardive seraient plus médiés par la pollution de l’air, la fumée et d’autres agents irritants et donc par l’expression d’IL-5.

« Le concept selon lequel l’interleukine 5 est impliquée dans cette population d’asthmatiques n’est pas nouveau. Il est donc intéressant de voir ces résultats. Les données sur les exacerbations sont impressionnantes », a commenté le Dr Sally Wenzel (Directeur de l’Institut de l’asthme à l’université de Pittsburg, Etats-Unis) pour Medscape Medical News.

L’essai a été financé par Teva Pharmaceutical Industries. Le Dr Brusselle a reçu des honoraires d’AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Chiesi, GlaxoSmithKline, Novartis, Pfizer et Teva. Le Dr Wenzel n’a pas rapporté de liens d’intérêts en rapport avec le sujet.

 

REFERENCES :

1. Castro M. et coll. Reslizumab for inadequately controlled asthma with elevated blood eosinophil counts: results from two multicentre, parallel, double-blind, randomised, placebo-controlled, phase 3 trials. The Lancet Respiratory Medicine. Publié en ligne le 23 février 2015.

2. Abstract OA287. Congrès de l'European Respiratory Society (ERS) 2015. Présenté le 27 septembre 2015.

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