La supplémentation calcique rapporte gros mais… ne prévient pas le risque de fractures

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

1er octobre 2015

Nouvelle Zélande, Suède ― Selon deux nouvelles méta-analyses publiées dans le British Medical Journal, après 50 ans, la supplémentation calcique ou une alimentation riche en calcium ne permettent pas de minimiser le risque de fractures ostéoporotiques [1,2].

« Il y a 25 ans dans ce journal (le BMJ), Kanis et Passmore affirmaient que, selon les données de la littérature disponibles, la supplémentation calcique ne prévenait pas le risque de fractures ; un point de vue contesté, alors, par des opposants déterminés », rappelle le Pr Karl Michaëlsson (Université d’Uppsala, Suède) dans un éditorial accompagnant les deux articles [3,4].

D’après les deux nouveaux articles publiés dans le BMJ, « les conclusions de Kanis et Passmore valent toujours. En outre, il semble y avoir peu à gagner à adopter une alimentation riche en calcium », souligne le Pr Michaëlsson.

Une méta-analyse de 59 essais randomisés

Le premier papier de Vicky Tai et coll (Université d’Auckland, Nouvelle Zélande) est une méta-analyse de 59 essais contrôlés randomisés évaluant l’impact, après 50 ans, d’une alimentation riche en calcium ou de la supplémentation calcique sur la densité minérale osseuse (DMO). Les auteurs constatent une faible augmentation de la densité minérale osseuse « qui ne devrait pas se traduire par une diminution du risque fracturaire. »

 
Il est important de noter que cette faible amélioration n’est pas supérieure lorsque le calcium est associé à la vitamine D -- Pr Karl Michaëlsson
 

Avec les apports alimentaires, l’augmentation de la DMO est de 0,6 à 1,8% sur un à deux ans à tous les sites sauf l’avant-bras. Avec la supplémentation, elle est de (0,7 à 1,8%) à tous les sites dès la première année et stable pendant l’année et demie d’évaluation qui suit.

« Il est important de noter que cette faible amélioration n’est pas supérieure lorsque le calcium est associé à la vitamine D (quelle que soit la dose), même parmi les participants avec des faibles taux de 25(OH)D, qui reçoivent une forte dose de calcium ou qui ont des apports alimentaires calciques <800 mg/j », ajoute le Pr Michaëlsson.

Supplémentation calcique : pas d’intérêt en population générale après 50 ans

Le second papier de Marc Bolland et coll. (Université d’Auckland, Nouvelle Zélande) s’intéresse aux apports calciques et à la prévention du risque fracturaire. Une méta-analyse des essais portant sur la supplémentation calcique, ayant parus les moins biaisés aux auteurs, montre que la supplémentation calcique ne limite pas le risque de fracture et sur aucun site.

Ils notent une seule exception : l’étude française de Chapuy et coll. chez des femmes d’en moyenne 84 ans, en EHPAD, qui ont à la fois de faibles apports calciques quotidiens (500 mg/j), des concentrations très faibles en vitamine D (20 mmol/L), et également des calcémies basses. Dans ce cas, bien précis, la supplémentation vitamino-calcique semble intéressante. Les auteurs notent toutefois que, dans cette étude, les effets indésirables cardiovasculaires n’ont pas été évalués, ce qui devrait limiter sa portée.

Concernant les apports calciques, les études identifiées par les auteurs sont essentiellement observationnelles et trop hétérogènes pour être inclues dans une méta-analyse. Toutefois, Bolland et coll. n’ont pas repéré de données qui encouragent réellement à proposer une alimentation particulièrement riche en calcium dans le but de prévenir les fractures.

Vers un changement des recommandations ?

Selon les auteurs, les données de la littérature aujourd’hui disponibles ne permettent pas de conclure que les apports calciques, avec ou sans vitamine D, préviennent le risque de fractures chez les personnes âgées dans la population générale.

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