Vienne, Autriche -- « La prise en charge des tumeurs neuroendocrines va définitivement changer après la présentation des résultats positifs de deux études : RADIANT-4 avec l’évérolimus et NETTER-1 avec le 177Lu-Dotatate » analyse le Pr Christoph Zielinski (président de la Société autrichienne d’oncologie) à l’occasion du congrès de l’ ECC 2015 . « Désormais, en plus des analogues de la somatostatine (octréotide) qui restent le traitement de première ligne, on dispose de deux approches alternatives : l’évérolimus indiqué dans les tumeurs neuroendocrines non sécrétantes gastro-intestinales ou pulmonaires, et le 177Lu-Dotate indiqué dans les tumeurs gastro-intestinales exprimant des récepteurs à la somatostatine.
Ces tumeurs rares, au pronostic plutôt favorable du fait de la lenteur d’évolution ont une incidence faible mais une prévalence élevée. Leur incidence a néanmoins été multipliée par 500 % en moins de 50 ans du fait d’un meilleur dépistage.
L’évérolimus pour les tumeurs non sécrétantes
La première des deux études, RADIANT-4, a été présentée par le Dr James Yao (Houston, Etats-Unis). Il s’agissait du premier grand essai contre placebo qui avait pour but d’évaluer l’efficacité de l’évérolimus dans une population des patients atteints de tumeurs neuroendocrines non sécrétantes.
Au total, 205 patients ont été traités quotidiennement par 10 mg d’évérolimus et 97 par placebo. Le critère principal – la survie sans progression – était apprécié par un comité de radiologues indépendants. Et ce critère s’est révélé très positif puisque les chiffres rapportés étaient de 11 mois avec l’évérolimus contre 3,9 mois avec le placebo (HR= 0,48, p<0,00001).
« Le risque de progression ou de décès était abaissé de 52 % avec l’évérolimus », explique le Dr Yao. « Quant à la survie sans progression appréciée par les investigateurs, les données vont là encore dans le sens d’une amélioration sous évérolimus (14 mois sous évérolimus contre 5,5 mois sous placebo, HR= 0,39, p<0,00001) ».
Une analyse intermédiaire de la survie globale a aussi été effectuée et elle conclut à une baisse de 37 % des décès avec l’évérolimus. Les résultats définitifs de ce critère seront disponibles fin 2016.
Enfin, dans cette indication le profil de sécurité de l’évérolimus est le même que dans les autres indications de ce médicament.
Pour le Dr Yao « désormais l’évérolimus est indiqué dans la plupart des tumeurs neuroendocrines – pancréas, poumon, gastro-intestinaux – sécrétantes et non sécrétantes ».
Un radio-nucléotide ciblé pour le récepteur de la somatostatine
Le second travail présenté est l’étude NETTER-1 qui repose sur une approche tout à fait différente : 177Lu-Dotatate contient un radionucléotide (du lutétium) lié à un peptide qui interfère avec les récepteurs à la somatostatine qui sont surexprimés chez 80 % des patients. 177Lu-Dotatate est injecté par voie veineuse dans la circulation, il se fixe au niveau des récepteurs tumoraux et délivre localement les électrons à haute énergie.
Quatre injections étaient réalisées dans l’étude, avec un délai de 8 semaines entre les injections.
L’étude qui a inclus un total de 230 patients était composée de deux bras : l’un associant 177Lu-Dotatate à 30 mg d’ocréotide quotidiennement, l’autre comportant une prescription journalière de 60 mg d’ocréotide.
« Les résultats en terme de survie sans progression sont impressionnants puisqu’après une médiane de suivi de 25 mois, la réduction du risque d’événement était estimée à 79,1 % (HR : 0,20, p<0,0001), la médiane de survie sans progression s’établissant à 8,4 mois pour l’ocréotide alors que cette valeur n’a pas été atteinte dans le bras 177Lu-Dotatate.
Le taux de réponse objective s’est établi à 19 % pour les patients traités par 177Lu-Dotatate contre 3 % dans le bras comparateur. Une réponse complète a été obtenue sous 177Lu-Dotatate ainsi que 18 réponses partielles (contre respectivement 0 et 3).
L’analyse intermédiaire de la survie globale est aussi en faveur du 177Lu-Dotatate (13 décès contre 22, p<0,0186).
Enfin, les effets secondaires du traitement étaient limités à des lympho, thrombo ou neutropénies (7 patients), des pathologies rénales (3 patients dont l’un a souffert d’insuffisance rénale aiguë), et à un cas d’hypertension portale.
L’étude RADIANT-4 a été financée par Novartis Oncology L’étude NETTER-1 a été financée par Advanced Accelerator Applications |
REFERENCES :
Yao J, Fazio N, Singh S et coll. Everolimus in advanced, nonfunctional neuroendocrine tumors of lung or gastrointestinal origin: efficacy and safety results from the placebo-controlled, double-blind, multicenter, phase 3 RADIANT-4 study. Abstract LBA5 présenté en session présidentielle le 27 septembre.
Strosberg J, Wollin E, Chasen B et coll. 177Lu-Dotatate significantly improves progression free survival in patients with midgut neuroendocrine tumours : results of the phase III NETTER-1 trial. Abstract LB6, présenté à la session présidentielle le 27 septembre.
Citer cet article: Dr Isabelle Catala. Deux traitements changent la donne pour les tumeurs neuroendocrines - Medscape - 30 sept 2015.
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