La cour des comptes épingle le coût prohibitif de la dialyse

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

30 septembre 2015

Paris, France – En vue de la mise en place en 2016 du prochain plan Greffes, la Cour des comptes, dans son rapport sécurité sociale 2015, s’est penchée sur la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT). Dans le précédent plan d’actions, il était prévu, entre autres choses, le développement de la dialyse péritonéale et de la greffe rénale, pour réduire les coûts de la prise en charge en centre lourd, prédominante jusque-là. Il semble que ce soit raté.

Plus de 10000 patients en attente d’une greffe de rein

Si la greffe de rein, aux dires de la Cour des comptes, reste la meilleure solution thérapeutique, elle est aussi celle dont la liste d’attente est la plus longue. Au 31 décembre 2013, 10736 personnes étaient en attente d’une greffe de reins.

Pourtant, en une dizaine d’années, des progrès importants ont été réalisés : entre 2000 et 2014, le nombre de greffés a quasiment doublé passant de 1924 à 3232 patients. En 2013, la France, selon l’agence de biomédecine, se situe au 7ème rang dans un classement portant sur les pays de l’Union européenne, la Norvège, la Suisse et les Etats-Unis.

Boom des unités de dialyses médicalisées

Parmi les autres alternatives à la dialyse en centre lourd, la Cour des comptes relève une forte croissance des unités de dialyse médicalisées. De 23 en 2004, elles sont passées à 157 en 2012, soit un bond en avant de 583%. Mais ces nouvelles unités, déplore la Cour des comptes, ne se distinguent pas véritablement des centres lourds.

La dialyse péritonéale entre 2004 et 2012, a pratiquement stagné (+3%) pour concerner 3696 patients, tandis que l’hémodialyse à domicile s’est effondré (-57%) et ne concerne plus que 285 patients, et que les unités d’autodialyse ont faiblement progressé (+14%), et sont adoptées par 8318 patients.

A mettre en rapport avec les quelque 24 502 patients, toujours traités en centre lourd. Et la Cour des comptes de rappeler que les coûts de prise en charge varient fortement d’une prise en charge l’autre :

- 53 028 € par an pour la dialyse péritonéale non assistée

- 87 036 € pour une hémodialyse en centre lourd.

A comparer à ceux de la greffe qui s’élèvent à :

- 53 273 € l’année de la transplantation rénale, puis seulement à 13 536 € les années suivantes.

Tarifs favorables aux centres lourds et aux néphrologues

A cela plusieurs raisons. Tout d’abord, des tarifs défavorables au développement des alternatives à la dialyse en centres ou unités de dialyse. La mise en œuvre de la tarification à l’activité (T2A) dans la dialyse s’est avérée très favorable à la dialyse en centre lourd. Et a, par la même occasion, hypothéqué le développement des autres alternatives en établissement de santé.

Idem à l’endroit des néphrologues : « L’entrée en vigueur de la classification commune des actes médicaux (CCAM) qui s’est substituée à la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) s’est traduit par une augmentation significative de la séance de dialyse avec un tarif passant de 33,60 € à 38,35 € (+14 %). »

Cette revalorisation, constate la Cour des comptes, a rendu cette spécialité très attractive, à tel point que la néphrologie fait partie des spécialités les mieux rémunérées : 120 000 euros de bénéfices non commerciaux annuels en 2010, selon les chiffres de la Carmf, contre 77 000 euros en moyenne pour les spécialités.

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