Paris, France ― Dans la nuit de mardi à mercredi, passant outre l’avis du gouvernement, le Sénat a voté l’interdiction des cabines de bronzage à compter de 2017, selon l’Agence France Presse.
« Le rôle nocif de ces cabines, dans l’apparition des cancers de la peau, est scientifiquement établi par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) », a déclaré le sénateur Jean-François Longeot (UDI-UC) en soulignant que « les cancers de la peau ont plus que doublé en dix ans ».
S’il s’agit incontestablement d’un pas en avant, la décision du Sénat, qui intervient après de longues années de lutte pour faire reconnaître la dangerosité des UV artificiels, ne signifie, malheureusement pas que tout est gagné.
Dans le meilleur des cas, les centres de bronzages continueront à donner des cancers de la peau jusqu’en 2017.
Mais, plus grave, encore, le vote des sénateurs « a peu de chances d’être confirmé lors du retour du texte devant l’Assemblée nationale », d’après l’AFP.
Un vote contre l’avis du gouvernement
« La nocivité de l’exposition aux rayons UV est avérée et l’augmentation des mélanomes doit nous conduire à agir. Mais, faut-il l’interdire ? » s’interroge la ministre de la Santé.
Marisol Touraine a souligné que sur les cabines, des règles existent depuis 1997 et qu’elles ont été renforcées en 2013.
Elle a rappelé que le projet de loi de modernisation de notre système de santé a déjà permis l'adoption d'une série de mesures imposant la formation des professionnels et interdisant les forfaits illimités, la publicité relative à la vente de ce type d'appareils ou à toute prestation de service les mettant en œuvre, ainsi que la vente d'appareils de bronzage artificiel aux particuliers.
Elle a, par ailleurs indiqué que la Commission Européenne a été saisie sur ce sujet et qu’un groupe de travail a été mis en place.
« En attendant ses conclusions : avis défavorable à interdiction complète des cabines », conclut la Ministre.
La dangerosité des UV artificiels unanimement reconnue depuis des années 1997 : le bronzage artificiel est interdit aux mineurs en France. 2003 : l'exposition aux UV artificiels est reconnue comme l'une des principales causes de la forte augmentation des cancers cutanés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui déconseille l'utilisation des cabines de bronzage. 2007 : selon l’OMS, le risque de mélanome augmente de 75 % quand l’utilisation d’appareils de bronzage artificiel débute avant l’âge de 35 ans. 2009 : cette pratique est classée dans le groupe des agents « cancérogènes certains pour l’homme » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ; 2011 : l’Institut national de Veille sanitaire (InVS) constate que le nombre de mélanomes a triplé entre 1980 et 2005 en France, atteignant 9 780 nouveaux cas et 1 620 décès 24 mai 2012 : le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) indique que les lampes à bronzage seraient responsables en France de 19 à 76 décès annuels par le mélanome cutané. 27 décembre 2013 : le décret n° 2013/1261 relatif à la vente et à la mise à disposition du public de certains appareils utilisant des rayonnements ultraviolets introduit un contrôle technique périodique et prévoit notamment la présence d'un personnel qualifié dans les établissements mettant des appareils de bronzage à disposition du public, dont l'information est par ailleurs renforcée. Début 2015 : l’Académie nationale de médecine juge qu’il est « urgent » d’interdire les cabines de bronzage « hors usage médical ». 16 septembre 2015 : le Sénat vote l’interdiction des cabines de bronzage. ??? : la décision est désormais entre les mains des députés de l’Assemblée nationale. |
REFERENCES
1. Santé : le Sénat interdit les cabines de bronzage à UV contre l’avis du gouvernement. Public Sénat/AFP. 16 septembre 2015.
Citer cet article: Aude Lecrubier. Le Sénat vote l’interdiction des cabines de bronzage - Medscape - 17 sept 2015.
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