Un effet linéaire du froid sur le risque d’infarctus en dessous de zéro

Dr Catherine Desmoulins

Auteurs et déclarations

7 septembre 2015

Londres, Royaume-Uni – On sait depuis longtemps que certaines conditions climatiques et notamment le froid ne sont pas favorables aux sujets coronariens. Une étude menée à Winnipeg au Canada s’est intéressée à la corrélation entre le froid et l’incidence des hospitalisations pour infarctus aigu (STEMI) ainsi qu’aux décès cardiaques. Présentée par le Dr Shuangbo Liu au congrès de l’ESC 2015 , ce travail apporte un nouvel éclairage sur le lien entre infarctus et conditions climatiques dans une région froide du globe.

« C’est la première étude à s’intéresser uniquement aux STEMI sur le sujet de l’influence des conditions climatiques. Le STEMI est un évènement aigu qui, à la différence des autres SCA, est facile à tracer » a expliqué l’investigatrice qui a précisé que la ville de Winnipeg dans la Manitoba se situe dans l’une des régions les plus froides du Canada mais aussi les plus chaudes en été.

Les investigateurs ont passé en revue les circonstances météorologiques (température et chute de neige) de survenues de tous les STEMI durant les 6 dernières années en considérant le jour J de l’événement, J-1 et J+2. Il est précisé qu’ils n’ont pas tenu compte de l’humidité qui est une variable quasiment fixe, tout au long de l’année, dans cette région.

Sur le total du suivi, 32% des jours (n = 684) avaient une température en dessous de zéro degré, 38% entre 0° et 20° et 31% (n=663) au-dessus de 20°C.

Les résultats sont assez étonnants puisqu’il existe une relation linéaire entre le froid et les hospitalisations pour IDM ainsi que les décès par IDM dès l’on passe en dessous de 0°C : RR de 0,78/jour au-dessus de 0°C versus 0,94/j en dessous de 0°C (p<0,001) Cette majoration du risque avec le froid est consistante d’année en année et se vérifie également en élargissant à J-1 et J+2 (p<0,001).

Les auteurs ont constaté l’existence d’une majoration linéaire du risque d’infarctus corrélée à la sévérité du froid de 7% par tranche de 10°C (p<0,001).

Après ajustement sur la température, les chutes de neige se sont avérées sans impact sur le risque d’infarctus.

Interrogée par Medscape sur le sur-risque de STEMI, à partir de 0°C, une température somme toute assez banale, le Dr Liu explique que « des facteurs directs et indirects entrent en jeu dès zéro degré. Certaines personnes, les personnes âgées en premier lieu, peuvent modifier leur mode de vie, ne pas sortir car il y a de la neige dehors. Cette sédentarité imposée par le froid est un facteur de risque en soi. On sait aussi que le froid a un effet pro-coagulant direct sur les plaquettes, comme cela a été bien montré sur les modèles animaux ».

Pas de lien avec la chaleur en été…au Canada

Dans cette étude, les investigateurs ont été surpris de ne pas constater de lien entre la prévalence des STEMI et la chaleur en été dans la ville de Winnipeg alors que ce lien existe sous d’autres latitudes.

Globalement, à l’issue de la présentation portant sur le lien entre l’environnement et le cœur, les orateurs ont tous souligné la complexité des facteurs à prendre en considération et des facteurs confondants pour conclure à un lien de causalité.

 

REFERENCE :

  1. Liu S. How cold is too cold: the effect of seasonal temperature variation on risk of STEMI. Session “Coeur et environnement”, 30 août 2015.

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